Réponse de Laurie Faith, EAO, candidate au Ph. D.
Premièrement, j’aimerais dire un gros BONJOUR à la communauté TA@l’école et vous remercier de m’inclure dans votre conversation. Je suis heureuse de vous faire part de quelques réflexions au sujet du renforcement de la flexibilité des élèves. Mon point de vue à cet égard se fonde sur mes propres travaux en classe, mes études de Ph. D. à l’IEPO et mes collaborations avec les enseignantes et enseignants des conseils scolaires de l’Ontario.
Vous avez parfaitement raison de vous concentrer sur la flexibilité des élèves. Cela touche une grande partie de la journée scolaire. Par exemple, il faut y faire appel lorsque les élèves doivent :
- laisser tomber la perfection et faire à toute vitesse une première ébauche en arts du langage;
- essayer une approche de résolution de problème autre et ultramoderne en mathématiques;
- comprendre des points de vue non familiers en études sociales;
- terminer un projet d’affiche avec un partenaire, malgré les différences artistiques;
- demeurer optimistes et intéressés lorsque (exclamation!) le cours d’éducation physique est déplacé à l’extérieur.
Pour relever ces défis, vous cherchez des idées de stratégie, et vous êtes en bonne compagnie. Presque chaque fois que je franchis ma porte, on m’aborde au sujet de stratégies précises visant à soutenir un éventail complet de différentes fonctions exécutives. Si vous tapiez maintenant sur google « strategy ideas for cognitive flexibility » (idées de stratégie pour la flexibilité cognitive), vous trouveriez plus de 49 millions de résultats provenant de sources réputées, dont trois différents laboratoires de recherche Harvard (santé, affaires et le Centre on the Developing Child). Lorsque j’ai mentionné ce fait aux enseignantes et enseignants cherchant des idées de stratégie, ils ont fait une petite pause, puis m’ont demandé si je pouvais toutefois leur proposer rien qu’une autre et meilleure stratégie susceptible de réellement fonctionner. Ils me trouvent à des conférences, m’envoient des courriels et m’invitent à leurs écoles pour les presser de trouver des idées. Je comprends parfaitement – les approches que nous cherchons et essayons, souvent, ne fonctionnent pas.
Alors, comment trouvons-nous les stratégies que les élèves utiliseront? ÇA, c’est un sujet avec lequel je peux vous aider.
Une grande partie du temps, les problèmes de flexibilité persistent davantage à cause d’un manque de motivation, d’engagement et d’intérêt à soutenir une stratégie et à l’appliquer qu’à cause d’une absence de stratégies objectivement bonnes. Pensez à votre propre vie. Vous savez probablement très bien ce que vous devriez faire pour vous rendre au gym, boire huit verres d’eau par jour ou présenter vos rapports à temps. En fait, on vous l’a probablement dit des millions de fois. Les calendriers, les dates limites, les partenaires, les alarmes et les rappels pourraient aider. De plus, vous pourriez préparer votre sac de gym la veille, utiliser des aromatisants pour donner meilleur goût à votre eau et retarder votre connexion aux médias sociaux jusqu’à ce que vous ayez consacré au moins quinze minutes à la rédaction de votre rapport. De même, vos élèves savent peut-être déjà que pour faire preuve de flexibilité, ils devraient prendre trois grandes respirations, essayer tout simplement l’idée d’un ami ou écouter une minute entière avant de discuter. S’ils ne connaissent aucune de ces approches, il y a fort à parier qu’ils connaissent une autre sorte de stratégie qui pourrait les aider s’ils l’essayaient effectivement. Cela vous rappelle quelque chose? Habituellement, le problème n’est pas l’absence d’une stratégie.
Pour créer une culture dans laquelle on trouve et on utilise de bonnes stratégies, je vous recommande de puiser dans la motivation qui émane d’un sentiment d’appartenance, de compétence et d’autonomie (Deci et Ryan, 2000). Si la flexibilité pose une difficulté à un, deux, la moitié ou l’ensemble de vos élèves, vous pouvez ouvrir une discussion à ce sujet et encourager vos élèves à contribuer à générer des idées de stratégie dans lesquelles ils sont investis et qui fonctionneront dans leur contexte particulier. Ce ne sera pas difficile.
- 1re étape : Libérez de 10 à 20 minutes et invitez vos élèves à s’asseoir pour discuter.
- 2e étape : Décrivez la difficulté particulière que vous constatez chez vos élèves, et permettez-leur de vous en dire plus à propos de celle-ci. Vous pourriez dire, par exemple : « J’ai remarqué que nous avons de la difficulté à faire preuve de flexibilité dans une classe de mathématiques » ou « Vous avez tendance à vous en tenir à votre première idée au lieu de tenir compte de nouvelles idées ou d’en apprendre à leur sujet. Que pensez-vous de cela? »
- 3e étape : Écoutez attentivement. Demandez des éclaircissements. Détendez-vous et faites vous-même preuve d’un peu de flexibilité afin de pouvoir apprendre quelque chose de nouveau au sujet de vos élèves.
- 4e étape : Laissez vos élèves utiliser leur jeune esprit inventif pour créer quelques stratégies. De la même façon que j’ai trouvé rapidement une stratégie novatrice pour rédiger mon rapport, eux aussi vous surprendront et vous raviront avec des stratégies créatrices et amusantes.
Il s’agit d’une approche d’intervention fondée sur des données. En plus de consulter des experts, de faire vos lectures et d’assister à des ateliers, vous recueillerez de l’information directement de vos élèves. Vous leur donnerez le sentiment qu’ils sont compétents, ferez de la place pour toutes sortes de stratégies et de points de vue propres à la culture et créerez des sentiments d’interdépendance et d’appartenance. Et, avec tout le respect que je vous dois, les stratégies créées par des pairs ont tendance à être beaucoup plus intéressantes pour les élèves que celles proposées par vous, par Harvard, ou par des experts venus de nulle part comme moi.
Pour voir à quoi cela peut ressembler dans la vraie vie, vous voudrez peut-être parcourir les nombreux artéfacts scolaires que j’ai recueillis sur Twitter (@LCFaith). Si vous explorez l’approche que j’ai décrite, ou inventez quelque chose de nouveau, j’espère que vous envisagerez de me twitter une photo et une description pour que je puisse la partager. Vous pouvez également consulter les ressources gratuites sur le site Web ActivatedLearning.org (en anglais seulement). En attendant, je vous souhaite de nombreuses et merveilleuses conversations avec vos charmants et fascinants élèves, et beaucoup de succès dans votre quête d’une flexibilité améliorée.
Références
Deci, E. et Ryan, R. (2000). The "what" and "why" of goal pursuits: Human needs and self-determination of behavior. Psychological Inquiry, 11(4), 227-268.
Laurie Faith est une étudiante au Ph. D. à l’Université de Toronto, se concentrant sur l’exploration de la dynamique de l’apprentissage autorégulé en salle de classe. Elle est la dirigeante d’un mouvement d’enseignement appelé « Activated Learning » (l’apprentissage par l’action), qui est utilisé dans l’ensemble du Trillium Lakelands District School Board, qui fait l’objet d’une étude pilote auprès de 24 classes du York Regional District School Board et qui est également utilisé et étudié au R.-U. Cette approche a été mise en vedette dans un chapitre de la 3e édition de la publication Executive Skills in Children and Adolescents de Dawson and Guare.
Le travail de Laurie s’appuie sur 17 années en classe. C’est une éducatrice certifiée de la Future Design School qui possède une formation poussée dans la discipline de la pensée intégrative de la Rotman School of Business et dans l’approche de la pleine conscience « Search Inside Yourself » de Google. Laurie a bénéficié de la reconnaissance de SENG pour ses contributions distinguées à l’éducation surdouée.
Pour en savoir plus sur l’AL et les fonctions exécutives, suivez Laurie Faith sur Twitter (@LCFaith).
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