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Répondue Nathalie Paquet-Bélanger

Les troubles d’apprentissages se manifestent de plusieurs façons et à divers degrés de sévérité, par conséquent, les cinq conseils suivants peuvent ne pas s’appliquer à tous les élèves ayant des TA, mais auront des impacts positifs sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture de la majorité d’entre eux.

Conseil numéro 1 : L’obstacle du lire pour apprendre

Il s’avère essentiel, au niveau intermédiaire, de rendre l’apprentissage accessible à l’élève ayant des TA.  Par exemple, à ce niveau, un élève ayant des TA en lecture peut avoir un débit de lecture inférieur à 100 mots/minute tandis que la moyenne se situe aux alentours de 150 mots/minute.  De plus, l'élève peut avoir des difficultés persistantes à identifier certains mots.  Alors, lorsque certaines habiletés de l’ordre des processus non spécifiques (résumer, inférer, faire des liens, etc.) sont travaillées à partir de longs textes écrits, les élèves ayant des TA partent désavantagés et manquent souvent de temps pour terminer la tâche.

Afin de rendre l’apprentissage accessible, les professionnels de l’enseignement peuvent :

  • proposer un autre média que les textes écrits pour travailler ces habiletés (par exemple : écoute d’une histoire lue ou visionnement d’une vidéo)
  • favoriser le travail en dyade
  • favoriser le recours à des technologies d’aide (par exemple : la synthèse vocale ou des logiciels d’édition spécialisée).

Ainsi, un décalage ne sera pas creusé entre le potentiel de l’élève ayant des TA et son rendement scolaire par l’emploi exclusif des textes écrits.

Pour comprendre le potentiel des technologies, consulter l’article Comment les technologies peuvent aider les élèves ayant un trouble d’apprentissage en lecture et en écriture.

Pour connaître d’autres pistes à exploiter pour l’enseignement auprès des élèves ayant des TA, lire l’article Dyslexie et potentialités : lorsque les capacités se déploient.

Conseil numéro 2 : En écriture, cibler des objectifs précis

Écrire un texte exige de mobiliser un ensemble de ressources, ce qui devient très exigeant pour les élèves ayant des TA.  Par conséquent, ces derniers doivent « faire des choix » afin de réaliser la tâche au même rythme que les autres.  Certains utiliseront un vocabulaire simple et fréquent afin de diminuer le recours au dictionnaire (par exemple : maison au lieu de chaumière), d’autres ne réviseront pas leur brouillon, etc..

Afin de permettre aux élèves ayant des TA de développer leur compétence en écriture, les professionnels de l’enseignement peuvent cibler des objectifs précis à travailler lors des situations d’écriture et ajuster la pondération en conséquence.  Par exemple, l’accord des participes passés, la cohérence des temps de verbe ou l’enrichissement des phrases constituent de bons défis. De plus, un enseignement explicite de cet objectif avant le travail de rédaction favorisera l’apprentissage de tous les élèves.

Pour en savoir plus sur l’enseignement explicite, consulter l’article L’enseignement explicite : une stratégie d’enseignement efficace en lecture, en écriture et en mathématiques, pour les élèves ayant un trouble d’apprentissage.

Pour connaître la stratégie d’approche intégrée d’enseignement de l’écriture, consulter l’article Interventions pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage en écriture.

Conseil numéro 3 : L’importance d’enseigner l’orthographe lexicale

Les élèves ayant des TA ont souvent des difficultés marquées au niveau de l’orthographe lexicale.  La langue française demeure complexe avec ses graphies consistantes ou inconsistantes, contextuelles ou non.  Heureusement, certaines règles orthographiques existent et doivent être enseignées.  En plus de rendre moins obscure la manière d’orthographier les mots, le recours à ces règles diminue la charge liée à la mémoire et l’emploi du dictionnaire.

Pour les élèves de niveau intermédiaire, voici quelques règles pertinentes:

  • le son /é/ sans accent devant une double consonne (par exemple : effacer, essayer, nécessaire)
  • les sons et les graphies des lettres « G » et « C » devant des voyelles. Très important pour les textes ayant des verbes conjugués à l’imparfait et au passé simple (par exemple : il plongeait, je commençais)
  • la formation de l’adverbe à partir de l’adjectif féminin (par exemple : joyeuse et joyeusement, différente et différemment)

Pour d’autres exemples et des ressources, consulter l’article Enseignement de l’orthographe lexicale auprès des élèves ayant des troubles ou des difficultés d’apprentissage.

Pour connaitre une autre stratégie pour enseigner l’orthographe lexicale, consulter l’article Apprendre la morphologie dérivationnelle pour mieux orthographier.

Conseil numéro 4 : Encourager le lecteur à être actif

Les élèves ayant des TA en lecture éprouvent de la difficulté à lire des textes pour diverses raisons (débit trop lent, méprises nombreuses, difficulté au niveau visuo-attentionnel, démotivation, etc).  La lecture silencieuse et individuelle ne donne pas l’opportunité à un lecteur en difficulté de développer des habiletés complexes.

Par contre, il existe plusieurs pratiques gagnantes faciles à mettre en œuvre dans une classe de niveau intermédiaire :

  • La lecture en dyade de roman où chacun « joue » un personnage suscite l’intérêt et permet de mieux comprendre les marques de dialogue.
  • La construction d’un organisateur graphique lié aux personnages et aux liens qui les unissent oblige le lecteur à prendre des notes de manière efficace et favorise une meilleure compréhension.
  • Si le professionnel de l’enseignement effectue une mise en contexte accrocheuse avant la lecture, en parlant de l’auteur, de son intention d’écriture, il nivellera les connaissances antérieures de chacun des élèves et leur permettra d’appréhender les enjeux en question.
  • Une mise en garde des difficultés liées au texte (retour en arrière, passages descriptifs exhaustifs, multitudes de personnages, etc.) évitera au lecteur en difficulté de décrocher pendant la tâche en pensant que c’est seulement lui qui éprouve des difficultés.

 Conseil numéro 5 : Enseigner des stratégies de lecture

Au niveau intermédiaire, la complexité et la variété des textes s’accroissent. Certains lecteurs, dont ceux ayant des difficultés, ne se rendaient pas compte jusqu’à lors de la pertinence des stratégies de lecture lorsque le degré de complexité des textes était moins élevé.  Par conséquent, le professionnel de l’enseignant a avantage de modeler les stratégies du « avant, pendant, après » la lecture et les adapter au type de texte, car il s’agit de l’une des pratiques ayant le plus d’impacts positifs sur les résultats scolaires.

Pour en savoir plus, consulter l’article L’enjeu oublié : l’enseignement de la lecture stratégique au secondaire et les élèves ayant des troubles d’apprentissage.

Pour un exemple de stratégie de lecture (SQLRR), consulter l’article Stratégies pour aider les élèves ayant des troubles d’apprentissage.

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Photo de NathalieNathalie Paquet-Bélanger est spécialiste francophone des troubles d’apprentissage au sein de l’équipe TA@l’école. Elle termine une maîtrise en sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski.  Elle est titulaire d’un baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale de cette même université et d’un certificat en intégration des technologies informatiques en éducation (TÉLUQ). Elle est chargée de cours dans le domaine de l’intégration des TIC en enseignement. Elle exerce principalement en tant qu’orthopédagogue à la Polyvalente de Charlesbourg et apprécie grandement ce travail auprès d’adolescents ayant différents troubles d’apprentissage. Nathalie est très heureuse de joindre ses forces à la belle équipe de TA@l’école et de réseauter avec des enseignantes et des enseignants qui ont à cœur la réussite des élèves ayant des TA.