Cette question a été reçue pendant le webinaire TA@l’école, « At the Heart of the Matter: Creating Classrooms and Schools that Support Well-being »; cliquer ici pour accéder à l’enrégistrement du webinaire.
Réponse de Mme Sue Ball, Ph. D., psychologue en chef, York Region District School Board
La résilience est une compétence essentielle pour chacun d’entre nous, et pas seulement pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage (TA). Qui que nous soyons, la capacité de faire face à l’adversité, de surmonter les épreuves et de nous adapter aux situations nouvelles ou difficiles est fondamentale pour notre réussite. Le développement de la résilience chez les élèves ayant des troubles d’apprentissage revêt une importance encore plus grande. Il est en effet souvent beaucoup plus difficile pour ces élèves de montrer ce qu’ils savent et ce dont ils sont capables. Ils doivent aussi être en mesure de faire valoir leurs droits, de manière à pouvoir accéder aux adaptations, aux ressources ou aux stratégies qui les aideront à réussir.
Il est fréquent qu’il soit difficile pour des élèves d’être résilients lorsque les fonctions exécutives dont ils ont besoin pour pouvoir s’adapter, se fixer des objectifs, résoudre des conflits et réguler leurs niveaux de stress leur font défaut. Cependant, lorsqu’ils parviennent à acquérir les compétences nécessaires pour les soutenir dans ces situations, ils peuvent alors s’adapter, apprendre et avoir accès aux outils dont ils ont besoin, lorsqu’ils en ont besoin.
Dans cette perspective, le York Region District School Board a entrepris un projet visant à renforcer la résilience et le bien-être de tous les élèves, notamment des élèves ayant des TA et des déficiences intellectuelles légères. Les cinq thèmes de ce projet émergent de la recherche, de la littérature, de sondages, et de ce que nos élèves, leurs parents et tuteurs et les membres du personnel et de la communauté nous ont dit estimer être des éléments essentiels de la résilience à aborder. Il ressort du bilan de tous les efforts réalisés qu’il faut davantage miser sur l’acquisition de compétences que sur la simple atténuation des déficiences. Grâce à ce projet sur la résilience, nous avons en fait découvert que les élèves ayant des troubles d’apprentissage étaient d’une certaine façon plus résilients, car ils savaient qui ils étaient en tant qu’apprenants. Comprendre qui nous sommes en tant qu’apprenantes et apprenantes est essentiel au développement de la résilience. Lorsque nous savons qui nous sommes, ce que sont nos forces, les domaines dans lesquelles nous pourrions avoir besoin d’aide et les stratégies qui nous aident à réussir, nous sommes alors aptes à développer un sentiment d’auto-efficacité, de confiance en soi et de compétence, car en fait, nous savons que nous pouvons activer certaines stratégies et mettre en place des choses qui changent la donne pour nous.
Dans le cadre du projet, nous avons élaboré des cartes d’autodétermination (qui sont essentiellement une version conviviale d’un plan d’enseignement individualisé) pour chaque élève ayant un TA, de sorte qu’ils connaissaient leurs forces, les domaines leur posant des difficultés et les stratégies qui les aidaient à réussir. Ces stratégies étaient appliquées en fonction du profil unique de chaque élève, qui pouvait emporter sa carte où qu’il aille, et dont l’enseignante ou l’enseignant avait une copie. Ces cartes d’autodétermination nous ont permis d’aider les élèves à mieux se connaître et à défendre eux-mêmes leurs intérêts. En outre, nous avons constaté que ces cartes avaient grandement contribué à augmenter la capacité des élèves à aborder des situations où ils n’étaient pas certains de savoir comment s’y prendre. Elles les ont aussi aidés à développer un sentiment de compétence et d’auto-efficacité du fait qu’ils disposaient de stratégies pour s’aider eux-mêmes.
Une autre de nos grandes priorités était un projet de transition de la 8e à la 9e année. Nous avons demandé à nos élèves de 8e année de se rendre dans leur future école secondaire et de se présenter aux membres de leur nouvelle équipe d’enseignement en utilisant leur carte d’autodétermination. D’après ce que les élèves nous ont dit, cette expérience a changé beaucoup de choses pour eux : ils se sont sentis plus en confiance à l’idée d’entrer au secondaire, leur niveau de stress a diminué, et ils avaient le sentiment d’être mieux préparés à réussir leur transition. Le projet a également aidé les professionnels de l’enseignement de l’école secondaire à établir un lien avec leurs futurs élèves, en plus de créer un point de contact pour les accueillir à l’automne. Nous avons constaté, aux dires des professionnels de l’enseignement et des élèves impliqués dans le projet de transition, que l’expérience avait été grandement bénéfique pour tous.
À la fin du Projet résilience, nos élèves avaient le sentiment de bien se connaître, de savoir comment défendre eux-mêmes leurs intérêts et de pouvoir réussir grâce aux stratégies qu’ils avaient apprises. Comme nous avions beaucoup mis l’accent sur les forces et le renforcement des compétences, nous avions par le fait même appuyé le développement de leurs habiletés exécutives et de leur capacité à gérer le stress, à faire preuve d’indulgence envers eux-mêmes et à transformer l’adversité en occasion de croissance, des compétences que nous savons être essentielles au renforcement de la résilience.
Toutes ces compétences s’articulaient autour de l’idée que chacun compte; nous voulions que nos élèves aient le sentiment qu’ils comptaient, qu’ils étaient importants et que les liens qu’ils nouaient avec les autres étaient enrichissants. Il ressort des recherches dans ce domaine que, chez l’élève, le sentiment de compter pour les autres est associé à sa réussite, à sa motivation et à un sentiment accru de bien-être global. Le sentiment de compter pour les autres est essentiel, car il agit comme un facteur de protection et est fondamental pour le bien-être de tous les élèves, en particulier ceux qui ont des TA.
Sue Ball, Ph. D., travaille comme psychologue en chef pour le York Region District School Board. Elle a pris la parole dans le cadre du Colloque des professionnels de l’enseignement de TA@l’école et de congrès provinciaux et internationaux du Conseil pour l’enfance exceptionnelle (CEC) sur des sujets comme le soutien des élèves présentant des troubles d’apprentissage, des troubles anxieux et des TDAH, ainsi que dans le cadre du National Council of Supervisors in Mathematics (NCSM), où elle s’est exprimée sur le soutien des élèves ayant un trouble d’apprentissage en mathématiques. Elle est membre du conseil de direction de l’Association des psychologues en chef des conseils scolaires de l’Ontario (APCCSO) et du Conseil consultatif ministériel de l’éducation de l’enfance en difficulté en Ontario. Convaincue que tous les élèves peuvent apprendre et que chaque professionnel de l’enseignement et chaque élève compte, Sue Ball a pour passion d’aider chaque apprenant et apprenante à comprendre son profil d’apprentissage unique de forces et de besoins, ainsi qu’à défendre ses propres intérêts.
Ecrire un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.