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Par Nadia Rousseau, Ph. D. Université du Québec à Trois-Rivières

L’efficacité variable des aides technologiques pour les élèves ayant des troubles d’apprentissage est largement documentée. Toutefois, les connaissances issues de la recherche mettent en évidence quelques conditions favorables à l’optimisation de cette efficacité. Voici trois de ces conditions.

1. Une connaissance approfondie de ses aides technologiques pour maximiser leur portée

Des recherches ont mis en évidence que bon nombre de jeunes utilisateurs d’aides technologiques pour soutenir le processus d’écriture possèdent une maîtrise limitée des fonctions d’aide offertes par leur technologie. D’une part, plusieurs élèves ne connaissent pas l’ensemble des fonctions offertes par leurs outils. À titre d’exemple, dans le cadre d’une recherche sur le processus d’écriture d’élèves de 12 à 14 ans, on constate que c’est un maximum de 9 fonctions de WordQ – parmi les 12 fonctions offertes – qui sont mobilisées. Pour les utilisateurs d’un logiciel de correction grammaticale et d’aide à la rédaction comme Antidote, c’est un maximum de 3 fonctions – parmi les 239 fonctions offertes – qui sont utilisées par les élèves. D’autre part, outre le fait de ne pas connaître l’ensemble des fonctions offertes, certains élèves font également une mauvaise utilisation des fonctions mobilisées, causant de nouvelles erreurs alors qu’ils tentaient d’en faire la correction.

Ainsi, pour optimiser l’efficacité des aides technologiques, il s’avère essentiel d’enseigner aux élèves (modélisation, pratique guidée, pratique autonome) les fonctions les plus à même de soutenir le processus d’écriture, notamment :

  • les fonctionnalités générales et transversales du soutien technologique et des logiciels mobilisés;
  • les fonctionnalités spécifiques à une tâche (correction de texte, stratégies de lecture, gradation des fonctions, etc.); et enfin,
  • les fonctionnalités spécifiques à un besoin individuel (fenêtre émergente personnalisée).

2. Une connaissance de soi et du caractère compensatoire des aides technologiques mobilisées

Plusieurs enseignants constatent que certains élèves finissent par mettre de côté leurs aides technologiques, notamment au début de l’adolescence. La crainte du regard de l’autre sur soi en est partiellement responsable. Les connaissances issues de la recherche mettent en évidence que les élèves qui se connaissent bien (leurs forces, leurs défis, les spécificités de leur trouble d’apprentissage) sont plus à même de poursuivre de bonnes habitudes technologiques en soutien à leur processus d’apprentissage.

Pour optimiser l’utilisation des aides technologiques chez les élèves en période d’adolescence, il s’avère important d’offrir des occasions de développement d’une meilleure connaissance de soi, notamment en les amenant à :

  • prendre conscience de leurs forces et à les mobiliser dans l’appropriation du matériel technologique;
  • prendre conscience de leurs défis et à mobiliser les stratégies technologiques adéquates pour les surmonter.

3. Un milieu scolaire qui mobilise les technologies en contexte d’enseignement

Toujours pour soutenir l’utilisation optimale des aides technologiques par les élèves qui doivent y recourir, l’enseignement et la modélisation d’une stratégie destinée à tous les élèves de la classe par le biais d’une aide technologique légitimise son utilisation pour les élèves utilisateurs. Un geste simple qui peut faire toute la différence!

Qui plus est, les enseignants peuvent également poursuivre cette modélisation auprès de certains élèves ciblés. Ainsi, les enseignants pourraient :

  • modéliser la stratégie mobilisée dans l’enseignement (p. ex., démarche de correction, démarche tutorielle) avec le matériel technologique de l’élève;
  • guider l’élève dans l’utilisation de la stratégie mobilisée dans l’enseignement avec son matériel technologique;
  • observer l’utilisation autonome de la stratégie mobilisée dans l’enseignement par l’élève avec son matériel technologique;
  • donner des rétroactions spécifiques à chacune des étapes de mobilisation de la stratégie par l’élève avec le matériel technologique;
  • amener l’élève à verbaliser à chacune des étapes son utilisation de la stratégie mobilisée avec le matériel technologique.

Pour en savoir plus :

Mercure, C. (2019). Retombées de l'utilisation des technologies d'aide en contexte d'écriture sur les processus d'écriture d'élèves dyslexiques-dysorthographiques du premier cycle du secondaire. Mémoire. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières. http://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/9226/1/032342575.pdf

Rousseau, N. et Bergeron, L. (2014). L’apport des technologies d’aide à l’école secondaire : perspectives des professionnels de l’enseignement et des élèves. https://www.taalecole.ca/lapport-des-technologies-daide-a-lecole-secondaire-perspectives-des-professionnels-de-lenseignement-et-des-eleves/

Rousseau, N., Dumont, M., Côté, D. et al. (2019). Recommandations visant l’utilisation optimale des technologies d’aide à l’école. https://reverbereeducation.com/wp-content/uploads/2020/04/16oct_Recommandations-technolo-gies-daide-%C3%A0-l%C3%A9cole-30505-4.pdf

Rousseau, N., Stanké, B., Dumont, M. et Boyer, P. (2019). Les technologies d’aide comme mesure d’adaptation soutenant le développement des compétences rédactionnelles dans une perspective globale de l’apprentissage : étude longitudinale [Rapport de recherche déposé au Fonds de recherche Société et culture – FRQSC – programme d’action concertée sur la persévérance et la réussite scolaire]. https://frq.gouv.qc.ca/histoire-et-rapport/les-technologies-daide-comme-mesure-dadaptation-soutenant-le-developpement-des-competences-redactionnelles-dans-une-perspective-globale-de-lapprentissage-etude-longitudinale/ 

Nadia Rousseau est titulaire d’un doctorat en psychopédagogie de l’Université de l’Alberta et professeure en adaptation scolaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières depuis 1998. Elle est directrice du RÉVERBÈRE (Réseau de recherche et de valorisation de la recherche sur le bien-être et la diversité), coresponsable du Lab-RD2 (Laboratoire sur la recherche-développement au service de la diversité), chercheuse régulière au réseau PÉRISCOPE (Partage éclairé de recherches et d’interventions pour le succès collectif par l’éducation) et à la Chaire – Réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. Ses recherches portent sur la qualité de l’expérience scolaire et la connaissance de soi d’une diversité d’élèves, la pédagogie inclusive, et les facteurs clés favorisant la qualification et l’obtention d’un premier diplôme d’un plus grand nombre de jeunes pour qui l’école représente un défi important.