Aaron Bailey est un jeune homme de 25 ans qui a reçu un diagnostic de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) auquel s’ajoutent un trouble d’apprentissage en mathématiques, un trouble anxieux généralisé et la dépression; il éprouve également des difficultés en lecture et en écriture. Après avoir obtenu un diplôme comme travailleur auprès des enfants et des jeunes au Collège Saint‑Laurent de Kingston, Aaron a fréquenté l’Université Griffith en Australie où il a décroché un baccalauréat en services à la personne. Il agit actuellement à titre de conseiller pour le projet ASD Transitions au Regional Assessment and Resource Centre (RARC) de l’Université Queen’s. Aaron raconte son expérience…
Comment avez-vous vécu le processus de diagnostic de trouble d’apprentissage (TA)?
J’avais 12 ans lorsque j’ai reçu le diagnostic de trouble d’apprentissage, j’étais en 7e année. En gros, j’ai retenu trois choses du processus : j’étais stupide, différent et bizarre. Je n’étais pas heureux de recevoir ce diagnostic; il ne m’a pas aidé à comprendre mes difficultés, car on ne m’a pas vraiment expliqué en quoi il consistait. Il semblait simplement prouver que je n’étais pas comme tout le monde.
Quelles sont vos forces? Dans quelles matières performiez-vous à l’école?
Le travail auprès des enfants est l’une de mes forces, probablement parce que j’agis encore comme un enfant. J’ai une aptitude naturelle à créer des liens avec les jeunes, en particulier ceux qui ont des handicaps. J’excelle en musique, et c’est mon outil thérapeutique pour m’aider à composer avec mes troubles. Je suis créatif et je suis capable d’exprimer ma créativité dans différentes formes d’art. J’adore apprendre en utilisant mes mains; j’ai besoin de toucher pour apprendre et je comprends beaucoup mieux lorsque je peux utiliser mes mains. Lorsqu’un sujet me passionne, comme le travail avec les jeunes et la musique, je suis hyper concentré et je veux alors apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet.
À l’école, je réussissais bien dans plusieurs cours, dont les arts dramatiques, vivre et travailler avec les enfants, les stages où j’ai pu travailler avec des enfants, et l’éducation physique (qui me permettait d’évacuer mon hyperactivité). Étant un apprenant tactile, je réussissais plutôt bien en sciences parce que la réalisation d’expériences m’aidait à mieux saisir les concepts. Dans mon cours d’anglais de 11e année, mon enseignante m’a encouragé à me concentrer sur des sujets et des livres qui m’intéressaient vraiment; cette stratégie a augmenté mon engagement en classe et m’a permis de réussir. Les études postsecondaires ont été beaucoup plus faciles que le secondaire pour moi, car j’ai pu choisir le programme qui m’intéressait. Mes intérêts m’ont aidé à me concentrer et à mieux comprendre la matière.
Quels sont vos besoins sur le plan de l’apprentissage? Dans quelles matières aviez-vous le plus de difficulté à l’école?
Mes besoins varient en fonction de mes difficultés. En raison de mon TA en mathématiques, je bénéficiais de quelques adaptations, dont une calculatrice (même pour les tests et les examens) et on me fournissait une feuille contenant les formules mathématiques dont j’avais besoin. À cause du TDAH, j’avais beaucoup de difficulté à maintenir mon attention en classe et j’étais souvent distrait. Grâce aux objets tactiles, aux pauses d’étirement ou aux marches qu’on m’autorisait à faire dans l’école, j’étais capable de rester assis plus longtemps en classe. Mon anxiété me faisait vivre beaucoup de stress à l’école, surtout durant les tests et les examens, et j’avais besoin d’une salle tranquille pour faire la majorité des épreuves.
Je pense que le plus difficile à l’école, c’était d’apprendre dans un environnement qui ne semblait pas convenir à mes forces et à mes besoins. J’avais souvent l’impression de ne pas être à ma place, car je n’arrivais pas à rester assis calmement ou je n’arrivais pas à traiter l’information assez vite pour suivre les autres. C’était difficile pour moi d’aller chaque jour à un endroit où j’avais de la difficulté à apprendre et où mes difficultés d’apprentissage n’étaient pas comprises par tous les enseignants.
Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important qu’une enseignante ou un enseignant sache pour aider l’élève ayant des troubles d’apprentissage à réussir en classe?
Au collège, un employé des services de soutien aux élèves m’a dit une chose que je n’ai jamais oubliée. À ce jour, c’est le meilleur conseil que j’ai reçu d’un éducateur : « Je ne veux pas savoir ce que tu as… Tout ce qui m’importe, c’est comment tu apprends! » Je sais qu’il est important de savoir quels sont les troubles d’apprentissage des élèves. Dans le contexte scolaire global toutefois, ce qui compte, c’est la façon dont les élèves apprennent et la façon dont le personnel enseignant arrive à intégrer leurs forces et leurs styles d’apprentissage à la dynamique de classe.
Y a-t-il autre chose que vous souhaitez partager au sujet de l’impact des troubles d’apprentissage dans votre vie?
J’ai grandi en me sentant complètement seul au monde avec mes difficultés, comme si personne d’autre ne vivait ce que je vivais. J’avais le sentiment d’être incapable d’apprendre ou de comprendre ce que l’on m’enseignait. S’il y a des personnes qui éprouvent ce même sentiment, sachez que vous n’êtes pas seules. Il y a tellement de gens qui vivent des difficultés de ce genre. Il y en a probablement autour de vous et vous ne le savez pas. Sachez que vous avez la capacité d’apprendre. Vous aimeriez peut-être apprendre plus vite et vous n’êtes pas toujours capable de prendre la voie rapide. Il se peut que vous ayez à emprunter la route panoramique, qui prend plus de temps, mais vous finirez par arriver à destination et le voyage n’aura pas été en vain. J’ai 25 ans, je prends encore la route panoramique et j’apprends des choses que j’aurais aimé apprendre il y a de nombreuses années; l’important, c’est que je les ai finalement apprises, et vous le pouvez aussi.
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