Histoire de succès : Mathieu

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Comment les choses se sont-elles passées lorsque Mathieu a reçu pour la première fois un diagnostic de troubles d’apprentissage?

MATHIEU : En 2^e année c’est Mme Lyne (la thérapeute) qui me l’a dit. J’étais un peu gêné. Depuis que je sais ce que j’ai, ça m’aide à mieux comprendre comment j’apprends.

MÈRE : Il l’a appris lorsqu’il était en 2^e année. J’ai demandé de l’aide d’une conseillère pour m’aider dans ce processus. Je me rendais compte qu’il était conscient qu’il était différent des autres. Je ne savais pas de quelle façon m’y prendre pour lui expliquer sans risquer de le blesser ou de diminuer son estime de soi. Suite aux rencontres avec l’intervenante, il a très bien réagit. Il a enfin compris que ce n’était pas de sa faute. C’était à cause de son trouble d’apprentissage. Il sait qu’il doit apprendre de façon différente mais que tout est possible. La réalisation d’une vidéo a été faite et a été présenté à la classe de 3^e année (au début de l’année scolaire). Ce fut un succès. Nous l’avons appris dès son jeune âge et nous avons commencé à rencontrer une orthophoniste dès le début de ses trois ans.

ENSEIGNANTE : Mathieu est conscient de ses défis depuis le préscolaire. L’an dernier, à la fin de la 2^e année, il a fait une vidéo avec l’aide de ses parents afin d’expliquer à ses pairs son trouble d’apprentissage. Il n’était toutefois pas prêt à la présenter. Cette année, rendu en 3^e année, il a éprouvé le désir de présenter sa petite vidéo aux autres élèves de la classe. Ceci s’est fait en présence de sa mère, de la direction et de ses camarades de classe. En tant qu’enseignante, j’ai animé une discussion sur les différences de chacun afin d’introduire la vidéo de Mathieu. Suite au visionnement, les élèves ont posé des questions à Mathieu. Ils ont partagé des difficultés qu’ils éprouvaient dans toutes sortes de domaines. La mère de Mathieu a expliqué un peu ce qu’est la dyspraxie.

Nous faisons souvent références à nos différences en salle de classe et l’accent est mis sur l’intégration de tous et chacun, avec ou sans difficultés d’apprentissage ou trouble d’apprentissage, dans un climat sain et positif.

Quels sont les points forts de Mathieu?

MATHIEU : Je suis bon en mathématique et en études sociales. J’aime beaucoup le hockey et lancer le ballon avec mes amis, mes voisins. Je pense que je suis très gentil avec mes amis et que je suis persévérant.

MÈRE : Mathieu est très persévérant et très appliqué. Il a un bon ses de l’humour. Il sait que je suis toujours là pour lui et ça le sécurise énormément.

ENSEIGNANTE : Mathieu est un élève qui est toujours attentif en salle de classe et qui a le désir de réussir. Il est fier lorsqu’il accomplit une tâche par lui-même et lorsqu’il peut répondre à une question. Il est très amical envers ses pairs et respecte toujours les consignes et les règles de la classe. Il adore les mathématiques, les études sociales et les sciences.

Quels sont les besoins de Mathieu?

MATHIEU : J’ai besoin d’aide avec le français : en écriture et en lecture. C’est difficile parce que des fois j’essaie de dire un mot mais ce n’est pas le bon mot.

MÈRE : Il a besoin d’aide avec l’écriture et la lecture. Il a un portable avec des logiciels pour lui aider. Il est plus facile pour lui d’exécuter une tâche lorsque l’enseignant lui explique avec de petites consignes. Les appuis visuels et les référentiels l’aident beaucoup à s’organiser et comprendre soit le concept enseigné, la stratégie à développer ou même à mieux traiter l’information.

On a toujours peur qu’il ne soit pas au même niveau que les autres. Que les enfants vont rire de lui à cause de son trouble d’apprentissage (parole, langage, lecture).  On a peur qu’un jour, qu’il n’aura plus d’aide, de support que nous avons à l’école pour sa réussite scolaire future pour qu’un jour il puisse avoir un métier, un bel avenir!

ENSEIGNANTE : À cause de sa dyspraxie, il est difficile pour Mathieu d’organiser ses idées dans sa tête pour les verbaliser correctement. Il a souvent besoin de prendre son temps car la première réponse qu’il donne est rarement la bonne même s’il connait la réponse. A l’aide de questionnement, il peut fournir la bonne réponse et mieux exprimer ce qu’il veut dire.

 Au niveau de l’écriture, Mathieu utilise les technologies afin de l’aider à organiser ses idées et à rédiger des phrases complètes et cohérentes en orthographiant les mots sans omettre de syllabes.

La lecture demeure un défi pour lui. Sa compréhension est meilleure lorsqu’il lit dans sa tête mais nous devons le guider avec des questions. Le logiciel Kursweil l’aide à comprendre des textes et l’accompagne pour la lecture.

Quelles stratégies as-tu apprises pour t’aider à réussir à l’école? De quelle manière les éducatrices et éducateurs dans ton école t’ont-ils aidé à apprendre ces stratégies?

MATHIEU : Je fais les sons. J’utilise parfois le mur de mots. Je relis le mot qui est plus difficiles et WORD Q m’aide beaucoup. Mes enseignants ont montré ces trucs à tout le monde, à toute la classe.

Quel impact le fait d’avoir un membre de la famille ayant des troubles d’apprentissage a-t-il sur votre vie?

MÈRE : Beaucoup de travail et de patience. Il a été très important d’accepter la situation. Certains moments ont été difficiles car j’ai dû et je dois encore lui accorder plus de mon temps pour plusieurs tâches. Cette situation a souvent causé de la jalousie et incompréhension auprès de son frère. Nous avons souvent eu des moments de frustrations et de désespoirs lorsqu’il essayait de dire un mot ou de nous expliquer quelque chose et que nous étions incapables de le comprendre. Nous étions inquiets pour le début de l’école car il était très difficile de le comprendre lorsqu’il parlait. Il était incapable de faire une phrase de 3 mots. Nous sommes très fiers du progrès qu’il a fait (ses amis l’ont accepté tel qu’il est). Grâce au support que nous avons reçu du personnel de l’école Renaissance.

Que devraient savoir les professionnels de l’enseignement?

MATHIEU : L’enseignante doit m’expliquer les mots difficiles pour m’aider à mieux comprendre.

MÈRE : La chose la plus importante qu’une enseignante ou un enseignant doit savoir pour aider un élève ayant des troubles d’apprentissage à réussir en classe est de :

• • Respecter et comprendre ses limites.
  • Bonne communication entre l’enseignant et les parents.
  • Motivation et valorisation de l’élève.
  • Être capable de donner des défis réalistes à l’élève.
  • Avoir confiance en lui et l’encourager de prendre des risques, lui démontrer par des gestes et des paroles qu’il est capable comme les autres.

ENSEIGNANTE : La chose la plus importante qu’une enseignante ou un enseignant doit savoir pour aider un élève ayant des troubles d’apprentissage à réussir en classe est de :

• • Ne pas hésiter à poser des questions (aux parents, au personnel,..) pour mieux connaître l’enfant, ses besoins et les stratégies qui fonctionnent.
  • Féliciter les petites réussites et les progrès de l’élève.
  • Demander de l’aide pour trouver des stratégies gagnantes.
  • Se familiariser avec les technologies d’aide.
  • Travailler en équipe (parents, enseignante-ressources, équipe-école,…)

Pouvez-vous nommer un succès vécu en salle de classe?

ENSEIGNANTE : Cette expérience vécue dans ma salle de classe et partagée avec mes collègues ont amené une autre élève de 6^e année ayant un trouble d’apprentissage accompagné du TDAH (appuyée par l’enseignante-ressources) à faire une présentation en classe. Ce fut également un succès!

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