Un message de Matt :
J’aimerais dire que c’est parfois très difficile de vivre avec un trouble d’apprentissage, mais vous ne pouvez tout simplement pas renoncer à la vie. Vous devez vous épanouir pleinement. Il faut que vous vouliez vous aider vous-même avant que les autres puissent vous aider. La clé du succès consiste à vouloir de l’aide, puis à aller la chercher. Les gens qui vous soutiennent vont changer votre vie; si vous avez une bonne famille, de bons amis et de bons enseignants pour vous soutenir, alors votre réussite sera sans fin. Si vous le voulez vraiment, si vous faites de votre mieux, si vous obtenez le soutien dont vous avez besoin et si vos besoins sont comblés, vous pouvez alors faire face à vos troubles d’apprentissage. Vous ne devriez jamais laisser un trouble d’apprentissage vous retenir; vous êtes tout aussi bons que toutes les autres personnes ou même meilleurs. Si vous avez un rêve ou si vous voulez accomplir quelque chose, ne laissez rien vous retenir ou se mettre en travers de votre chemin; allez faire ce que vous voulez et soyez vous-même. La seule façon de réussir consiste à apprendre de vos points faibles et à travailler fort pour les améliorer. Vous pouvez voir votre trouble d’apprentissage comme une malédiction ou une bénédiction; c’est à vous de choisir ce que vous voulez en faire. Dieu nous a mis sur terre pour une raison. Il nous a donné tout ce que nous avons, et il donne aux personnes les plus fortes les situations les plus difficiles parce qu’il sait qu’elles peuvent les surmonter et devenir meilleures grâce aux défis à reliever.
Comment les choses se sont-elles passées lorsque Matt a reçu pour la première fois un diagnostic de troubles d’apprentissage?
MATT : J’ai reçu un diagnostic de troubles d’apprentissage lorsque j’étais en 3e année. J’ai un bégaiement, et j’ai vécu des hauts et des bas durant tout ce processus – parfois ça allait bien et, d’autres fois, ça n’allait pas du tout. Il y a eu des moments où cela a été très difficile de faire face à mon trouble d’apprentissage. Parfois, on se sent vraiment déprimé et on ne veut plus rien faire, mais on sait qu’il faut continuer d’avancer.
MÈRE : Matt a commencé une thérapie en orthophonie à l’âge de 18 mois. J’avais remarqué qu’il n’atteignait pas les stades de développement attendus chez les enfants de son âge. Durant les séances d’orthophonie, il a également été établi que sa motricité fine était faible, alors il a commencé une thérapie reposant sur le travail d’équipe qui comprenait des séances d’ergothérapie et d’orthophonie. Matt a passé ses premiers tests psychologiques à l’âge de cinq ans et, à ce moment-là, il a été déterminé qu’il avait entre un et deux ans de retard. Il a été placé dans une petite classe de jardin d’enfants pour renforcer davantage ses aptitudes langagières. J’ai d’abord pensé que, enfin, quelqu’un d’autre confirmait ce que j’avais observé depuis que Matt avait 18 mois. Et cela m’a alors frappée – j’ai compris que Matt ferait face à des difficultés que la plupart des enfants n’ont pas et que nous continuerions à aborder les choses d’une manière différente. J’ai ressenti un choc, puis de la culpabilité, de la colère, de la confusion et de la peine. Mais, j’étais aussi soulagée d’apprendre que l’école essaierait de répondre aux besoins de Matt en matière d’apprentissage. Son parcours a été divisé en deux volets, les premières années ayant été plus faciles pour Matt, et les dernières ayant été plus difficiles. Nous avons vécu une profusion d’expériences positives et négatives avec les divers professionnels qui ont travaillé avec Matt depuis l’annonce de son diagnostic.
Quel est l’impact d’avoir un membre de la famille atteint de troubles d’apprentissage?
MÈRE : L’impact sur la vie familiale a été énorme. Mon fils, Matt, et ma fille, Jessica, sont tous deux atteints de troubles d’apprentissage. Parfois, ils ont besoin de trois à quatre fois plus de temps pour terminer même les choses les plus simples. Les discussions familiales sont aussi difficiles, le fil de pensée de mes deux enfants allant dans des directions différentes. Le bégaiement de Matt nous a aussi fait vivre un tourbillon d’émotions, mais toutes ces expériences m’ont appris à être plus patiente.
Le fait d’avoir un membre de la famille atteint de troubles d’apprentissage a fait grandir notre famille. Nous avons appris à être optimistes et à laisser aller les histoires dépassées ou les croyances limitatives à l’égard de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. Nous arrivons à un point où notre enfant est accepté et où ses différences sont célébrées, en sachant que son parcours, et le nôtre, ne sont pas des lignes droites et qu’il peut réussir et réussira de si nombreuses façons. Nous cessons de le comparer aux autres enfants, et nous regardons attentivement toutes les choses merveilleuses qu’il a à offrir, ainsi que toutes ses réalisations qui font de lui une personne spéciale. Nous savons que nous sommes son meilleur défenseur et que nous sommes ceux qui connaissent le mieux ses capacités.
Quels sont les points forts de Matt?
MÈRE : Les points forts de Matt sont sa gentillesse et son attitude amicale. Il a d’excellentes aptitudes sociales et est très poli. Il est aussi très bon en informatique, et il travaille très fort pour s’organiser lorsqu’on l’invite à le faire. Matt a une bonne compréhension verbale et un raisonnement fluide. Je crois aussi qu’il est en train d’établir une voix personnelle dans ses écrits et qu’il utilise davantage des mots concrets et des images pour transmettre son attitude ou ses sentiments par rapport à un sujet.
MATT : Je crois que la rédaction est mon point le plus fort. J’aime beaucoup écrire et, parfois, lorsque je parle, j’ai de la difficulté à trouver les mots appropriés. Lorsque j’écris, les mots sortent tout seuls, mais lorsque je parle, ce n’est pas toujours un succès. À l’école, j’ai l’impression de réussir dans les classes où il y a des activités pratiques et beaucoup de travaux de rédaction. Je réussis très bien dans mes cours de construction et de mécanique automobile parce que je travaille bien avec mes mains. Je réussis aussi très bien dans mes cours d’anglais parce que j’aime écrire et que je le fais très bien, comme mes notes le démontrent.
ENSEIGNANTE : Lorsque Matt participait en classe, ses idées étaient mûres et suscitaient la réflexion. Matt avait l’incroyable capacité de décortiquer un livre, de faire des déductions et de relier les idées et les émotions à un niveau que je n’aurais jamais cru possible. Matt répondait aux attentes du niveau scolaire en mathématiques et en langues, et il était capable de défendre ses intérêts pour obtenir ce dont il avait besoin, ce qui lui a permis de connaître un grand succès. Depuis le moment où j’ai commencé à enseigner à Matt, il a soit transformé ses besoins en points forts, soit travaillé si fort que ceux-ci ne l’empêchent plus d’avancer.
Quels sont les besoins de Matt?
MATT : J’ai besoin de faire beaucoup de travaux autonomes, et il faut me tenir loin des distractions. J’ai parfois besoin de plus de temps pour terminer les examens et les feuilles de travail, et il faut que les enseignants me donnent des explications. Je dois faire face à de nombreuses difficultés à l’école et, parmi ces difficultés, mon bégaiement fait que c’est très difficile de faire des activités orales, comme répondre à des questions, lire dans un manuel ou lire à voix haute. Les distractions dans la salle de classe me causent aussi des difficultés. Il faut parfois que l’on m’isole pour faire des travaux autonomes. Il faut que mes enseignants comprennent mes besoins et s’y adaptent. Ils doivent travailler avec moi et tout bien m’expliquer.
MÈRE : Je crois que Matt a besoin d’aide pour organiser son travail; ses compétences en fonctions exécutives sont faibles. Il a de la difficulté à comprendre les questions ouvertes et à faire face aux distractions. Je crois aussi qu’il a besoin d’aide supplémentaire avec les notions abstraites et l’ordonnancement. La plus grande difficulté de Matt, c’est son bégaiement ou la fluidité de la parole. Lorsqu’il ne comprend pas une leçon à l’école, les enseignants doivent revoir les renseignements avec lui plusieurs fois parce qu’il ne peut pas toujours demander de l’aide ou des explications ou parce qu’il ne le fera pas. À ce stade-ci, il serait préférable de ne pas lui demander de faire une présentation orale ou de répondre à une question en classe.
ENSEIGNANTE : La première fois que j’ai rencontré Matt, j’ai vu un garçon qui n’était pas du tout sûr de lui; il avait un bégaiement très prononcé qui contribuait à son manque de confiance en ses capacités sociales et scolaires. Un des plus grands besoins de Matt était, et est toujours, son anxiété à l’idée de faire une présentation devant un groupe. À ces moments-là, le bégaiement de Matt devenait plus prononcé, et il avait de la difficulté à montrer ses connaissances du sujet parce que son principal objectif était de terminer la présentation. Avec l’aide de ses enseignants, Matt a travaillé très fort pour surmonter cette difficulté. Nous lui avons fait faire des présentations devant un public de plus en plus vaste, tout d’abord devant les enseignants seulement, puis devant un petit groupe de personnes auprès desquelles il se sentait bien et, ensuite, devant un groupe plus important, jusqu’à ce qu’il soit capable de faire une présentation devant sa classe-foyer.
De quelle manière Matt a-t-il réussi à l’école?
MATT : Faire beaucoup de travaux autonomes est une stratégie qui m’a aidé à réussir à l’école. J’ai besoin de poser des questions et de parler de mes difficultés aux enseignants. J’ai appris quelques-uns des éléments qui déclenchent mon bégaiement, mais pas beaucoup. J’ai dû parler le moins possible à l’école. C’est beaucoup plus facile pour moi d’écrire tous mes travaux que de répondre de vive voix. Mes enseignants m’ont aidé en me plaçant dans des situations moins stressantes pour communiquer oralement. Ils ne me demandent pas de parler devant la classe, et cela m’aide énormément. Certains de mes enseignants montrent réellement qu’ils se soucient de moi et qu’ils veulent m’aider à réussir et à m’épanouir pleinement. Leur soutien me facilite vraiment la tâche. Ils m’offrent toujours de nouveaux moyens pour m’aider à faire face à mon trouble d’apprentissage et à réussir à l’école.
ENSEIGNANTE : Lorsque nous présentions à Matt des nouveaux concepts en mathématiques, c’était important de les décomposer pour lui donner l’occasion de les mettre en pratique. Une fois que Matt se sentait confiant, il pouvait alors appliquer cette nouvelle compétence lorsqu’il effectuait des problèmes sous forme d’énoncés. Matt est un être humain incroyable. J’ai observé ce garçon timide essayer de naviguer dans la vie et, lorsqu’on lui donne l’assurance nécessaire et un endroit sûr où il est libre de prendre des risques, il devient le leader qui, nous le savons tous, se cache en lui. Matt a défendu d’autres élèves qui ont été victimes d’intimidation, prenant position parce que personne ne l’a fait pour lui. Lors de la conférence sur l’intimidation intitulée « Together We are Better », j’ai vu Matt faire face à sa plus grande peur et présenter les expériences d’intimidation qu’il a vécues en raison de son bégaiement. Il est un des cinq élèves qui ont été sélectionnés dans toute la région de York pour siéger au comité et raconter leur histoire. Je n’oublierai jamais la fierté que j’ai ressentie ce jour-là. Matt reconnaît que le fait d’être un élève ayant un trouble d’apprentissage ne lui facilitera pas la vie. Il comprend et accepte qu’il doit travailler plus fort pour réussir et avoir accès à toutes les possibilités qu’il souhaite obtenir dans la vie. J’ai observé un élève qui détestait tous les aspects de la rédaction devenir un éloquent rédacteur qui maintenant adore l’expression écrite. Matt compte sur cette compétence lorsque son bégaiement devient difficile, et il la considère maintenant comme l’un de ses points forts les plus importants. Juste sous mes yeux, j’ai vu un garçon devenir un homme, et le fait que je continue de jouer un rôle dans la vie de Matt deux ans pus tard m’emplit d’une immense satisfaction. Je lui dis souvent à quel point je suis fière de lui et à quel point il ira loin, peu importe ce qu’il choisit de faire dans la vie. J’attends avec impatience qu’il trouve bonheur et réussite dans la vie; il le mérite certainement!
Que devraient savoir les professionnels de l’enseignement?
MÈRE : Dans une certaine mesure, chaque enfant apprend de manière différente. Un enfant qui a des fonctions exécutives faibles a besoin qu’on l’encourage, qu’on répète souvent les consignes et qu’on lui donne des directives écrites pour ses travaux. Un enfant qui bégaie a besoin de plus de temps pour communiquer et formuler ses pensées. Ce n’est pas parce qu’un enfant a des troubles d’apprentissage qu’il est paresseux ou qu’il n’est pas intelligent. Les enseignants devraient adopter l’approche « Avancer, reculer, avancer » lorsqu’ils posent des questions directes aux élèves. Parfois, les élèves ne savent vraiment pas la réponse, et parfois ils ont besoin de plus de temps pour traiter la réponse. C’est utile de poser une question, de laisser un temps de réflexion, puis d’avancer une affirmation pour tenter d’obtenir une réponse.
MATT : Les enseignants doivent comprendre quelque chose de vraiment important : les élèves qui ont des troubles d’apprentissage n’apprennent pas tous de la même façon. Ces élèves doivent arriver à comprendre les moyens qui les aideront personnellement à réussir dans la salle de classe. Les enseignants doivent s’adapter aux besoins de ces élèves, être capables de les comprendre et travailler avec eux, à leur façon. On ne peut pas traiter les élèves ayant des troubles d’apprentissage comme tous les autres élèves; ils n’apprennent pas de la même façon que tout le monde, et il faut répondre à leurs besoins. Les enseignants qui les traitent comme tous les autres ne font qu’empirer les choses. Ils devraient s’attendre à de bons résultats de la part des élèves ayant des troubles d’apprentissage parce qu’ils sont intelligents! Ils devraient aussi inciter les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes et ne pas les laisser échouer dans quoi que ce soit.
ENSEIGNANTE : Lorsqu’une enseignante ou un enseignant a le privilège et l’honneur d’enseigner à des élèves ayant des troubles d’apprentissage, il doit d’abord et avant tout croire que chaque enfant peut réussir.
Vous pouvez aider chaque élève à réussir en le soutenant, en le guidant et en ayant des attentes élevées à son égard. Chaque enfant ayant un trouble d’apprentissage a besoin d’une personne qui croit en lui et qui l’incite chaque jour à en faire un peu plus. Vous finirez par faire tomber les murs, et les élèves finiront par comprendre à quel point ils sont intelligents eux aussi. Vous devez également enseigner à vos élèves à défendre leurs propres intérêts, les aider à trouver leur voix et leur montrer que ce qu’ils ont à dire vaut la peine d’être entendu. Lorsque vous offrez cet outil aux élèves ayant des troubles d’apprentissage, vous leur permettez de continuer à réussir tout au long de leur vie. Une autre leçon importante que j’ai apprise durant mes années d’enseignement auprès des élèves ayant des troubles d’apprentissage est que chaque enfant est unique et a sans doute des besoins différents de ceux des autres. C’est important d’enseigner à chacun des enfants selon leurs points forts et de les aider à trouver des façons d’en tirer parti dans d’autres aspects de leur vie. Connaître chacun des élèves et les accepter tels qu’ils sont, tout en les incitant à réussir, est le travail le plus important que nous avons à faire à titre d’enseignants.
Cliquer ici pour accéder au guide d’accompagnement de cette histoire de succès.
Ecrire un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.