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Adapté avec la permission de Santé mentale en milieu scolaire Ontario

Questions systémiques dans le secteur de l’éducation

Les systèmes éducatifs au Canada ont été développés à partir d’une optique raciale à dominance blanche. L’héritage colonial se perpétue aujourd’hui. À ce titre, les conseils scolaires font partie d’un système de politiques et de pratiques racistes qui imprègnent tous les aspects de la vie scolaire.

Les répercussions du racisme envers les Noirs sur la santé mentale des élèves noirs incluent (mais sans s’y limiter) le sous-diagnostic, le mauvais diagnostic, le refus de service, le manque de services culturellement adaptés et le stress lié à la race qui exacerbe ou crée des problèmes de santé mentale ou des maladies (Williams, et al., 2007). Malgré leur incroyable résilience, les élèves noirs paient un lourd tribut et sont « poussés » hors du système éducatif à un rythme beaucoup plus élevé que leurs camarades blancs (Appia & Kurek, 2019).

L’objectif ne devrait pas être d’aider les élèves noirs marginalisés et opprimés à faire preuve d’une plus grande résilience. Nous devons plutôt nous attaquer aux systèmes et aux politiques oppressives qui ont directement provoqué la marginalisation de ces élèves noirs.

La disparité des possibilités scolaires des élèves noirs par rapport aux élèves blancs est importante. Dans leur rapport de 2017 « Towards Race Equity and Education », Dr Carl James et Tana Turner font état de disparités importantes. Sur la cohorte d’élèves de 2006 à 2011, 39 % des élèves noirs étaient inscrits dans des cours appliqués contre seulement 16 % des élèves blancs. En revanche, 53 % des élèves noirs étaient inscrits dans des matières scolaires, contre 81 % des élèves blancs. Le rapport souligne qu’à la fin de leurs études secondaires, 42 % des élèves noirs avaient été suspendus au moins une fois, contre seulement 18 % des élèves blancs. Le niveau de disparité nous invite à examiner les forces systémiques qui perpétuent ces clivages.

Les communautés ont également fait part de leurs préoccupations concernant le manque de programmes d’études inclusifs, la sous-représentation du personnel scolaire et des dirigeants noirs et d’autres groupes racialisés, l’absence de mesures contre la discrimination et le harcèlement racial, les disproportionnalités et les disparités dans l’enseignement spécialisé, la baisse des attentes scolaires et la suppression des aspirations des élèves noirs.

Pour soutenir au mieux la santé mentale et le bien-être des élèves noirs, nous devons travailler avec nos partenaires communautaires. La plupart de nos systèmes et services actuels ne reconnaissent pas la diversité qui existe au sein de la communauté noire. Ils n’offrent pas non plus la diversité des services nécessaires pour mettre en place un système culturellement pertinent et souple, apte à soutenir la santé mentale des élèves noirs. Ce travail comprend la collecte de données fondées sur la race afin de mieux alimenter un système de services de santé mentale plus représentatif et plus souple.

Le traumatisme racial

  « ... Le démasquage et le traitement des blessures cachées des traumatismes raciaux constituent rarement un point d’intervention central. Les approches conventionnelles s’intéressent plutôt aux problèmes familiaux, aux questions psychologiques individuelles, aux problèmes de comportement, aux troubles affectifs et à l’abus de substances. Ce sont des facteurs saillants, mais ils contournent les questions de race qui constituent une dynamique puissante dans la vie des jeunes de couleur... La dévaluation intériorisée est un sous-produit direct du racisme, inextricablement lié à la déification de la blancheur et à la diabolisation des teintes non blanches. Elle est perpétrée dans toute la société, y compris dans les systèmes mêmes qui ont pour mission déclarée de servir la jeunesse. »

— Hardy et Qureshi, 2012

Dans l’article intitulé « Healing the Hidden Wounds of Racial Trauma », Kenneth V. Hardy décrit l’oppression raciale comme une forme traumatisante de violence interpersonnelle « qui peut lacérer l’esprit, cicatriser l’âme et perforer la psyché. » Malgré ces profondes répercussions sur la santé mentale des personnes noires, la race, le racisme et les traumatismes raciaux sont rarement au centre de la compréhension ou de l’intervention en matière de santé mentale.

Hardy nous invite à examiner comment l’estime de soi s’affaiblit et, dans certains cas, est gravement affectée par l’aboutissement d’expériences récurrentes de dévaluation intériorisée. À travers des expériences répétées de « dévaluation intériorisée », il devient très difficile pour les jeunes Noirs de développer une estime de soi positive.

Le milieu émotionnel et psychologique d’un jeune Noir peut être inondé de messages répétés liés à sa race (implicites et explicites) : « tu n’es pas aussi attirant que... pas aussi intelligent que... trop bête pour... pas assez intelligent pour... pas de matériel universitaire... pas mal articulé pour un enfant noir ». Lorsque cela se produit, la perception que l’on a de soi-même reflète inévitablement ces messages.

Alors que les équipes de leadership en santé mentale des conseils scolaires se concentrent sur un retour à l’école qui favorise la santé mentale, réfléchissez aux différentes façons dont votre conseil scolaire peut répondre aux besoins en santé mentale particuliers des élèves noirs et aborder les répercussions du traumatisme racial.

Réflexion :

  • Quels sont les besoins d’apprentissage du personnel enseignant, des leaders scolaires et du système pour comprendre le racisme envers les Noirs et ses effets sur la santé mentale des élèves noirs?
  •  Comment les familles et les élèves noirs et racialisés prennent-ils part au dialogue sur leurs expériences du racisme envers les Noirs à l’école (en ligne ou en personne) et dans la communauté?
  • Quelles mesures précises allez-vous prendre pour répondre aux préoccupations des élèves, du personnel enseignant et des familles?
  • Comment les écoles soutiennent-elles les élèves qui subissent la violence communautaire (sanctionnée par l’État ou autre)?
  •  Quelles conditions le système scolaire mettra-t-il en place pour s’attaquer aux microagressions lorsqu’elles surviennent?
  •   www.smho-smso.ca
  •   Dans quelle mesure le système scolaire est-il préparé à fournir des services de santé mentale en milieu scolaire culturellement adaptés, notamment l’accès à des professionnels en santé mentale réglementés s’identifiant comme Noirs?
  • Avec quels organismes communautaires noirs et alliés pourriez-vous vous associer et vous engager pour soutenir la santé mentale des élèves noirs et racialisés?

Parler du racisme envers les Noirs

Pourquoi parler de racisme envers les Noirs?

Pendant la pandémie, les jeunes ont été séparés de leurs cercles sociaux et ont été davantage exposés aux médias sociaux et aux nouvelles. Le fait d’avoir une discussion avec les élèves sur le racisme envers les Noirs favorisera une classe inclusive et le retour à l’école. Elle permet aux élèves de savoir que le personnel scolaire et les systèmes scolaires sont conscients du contexte social et n’ont pas peur d’ouvrir le dialogue sur le racisme envers les Noirs.

Le fait d’offrir aux élèves noirs des milieux de soutien et des occasions d’exprimer leurs sentiments, et de parler ouvertement de leurs expériences vécues avec les barrières systémiques à l’école et dans la communauté, démontre une volonté de s’attaquer au racisme envers les Noirs et peut amorcer un processus de guérison avec les élèves noirs.

Reconnaître que le racisme envers les Noirs existe et qu’il a des effets sur la santé et le bien-être des Canadiens noirs peut aider à contrecarrer ces effets.

Pourquoi ne pas parler du racisme en général?

Les élèves noirs de l’Ontario ont été surreprésentés de la manière la plus négative possible (p. ex., taux de suspension et d’expulsion les plus élevés, taux d’obtention de diplôme les plus bas). Discuter du racisme envers les Noirs avec les élèves permet de remédier aux déséquilibres historiques que les élèves noirs ont affrontés. Ce dialogue crée aussi un pont pour travailler avec les élèves, leurs familles et l’ensemble de la communauté en vue d’éradiquer les formes systémiques de racisme envers les Noirs dans nos communautés scolaires.

Parler du racisme envers les Noirs profitera à tous les élèves racialisés et marginalisés, et aidera à développer des alliés chez tous les élèves.

Que signifie être un allié, et comment le devenir?

« Ce qui est important dans le fait d’être un allié, c’est que pour être un allié, il faut agir. Il faut nommer, explorer et chercher à changer les injustices dont nous sommes témoins à l’égard des communautés marginalisées. Être un allié n’est pas censé être un processus confortable; c’est un cheminement critique au cours duquel nous devons examiner nos propres positions sociales (nos identités et notre position par rapport aux expériences d’oppression et de privilège), comment nous bénéficions du racisme et comment nous pouvons réagir au racisme que nous voyons à de multiples niveaux dans notre société, que ce soit au niveau institutionnel ou au niveau individuel (p. ex., les idées racistes des commentaires de la famille ou des amis). »

— Étudiant, Université de Guelph (en anglais)

À titre d’alliés, nous devons reconnaître notre pouvoir et nos privilèges, et en tirer parti pour éliminer le racisme envers les Noirs en nous-même et au sein de nos systèmes. De plus, être un allié a des effets plus durables que faire un plaidoyer. Cela signifie de travailler avec les gens (plutôt que de travailler pour eux), et de se livrer à un travail d’introspection personnelle qui aboutit idéalement à un changement systémique durable.

Dans le travail antiraciste, le concept de « complicité » ou de « co-conspiration » continue dans ce continuum de changement, c’est-à-dire que les personnes non noires travaillent ensemble pour lutter contre le racisme (KOJO Institute, 2020).

Soutenir des discussions sur le racisme envers les Noirs au sein d’un climat bienveillant :

De nombreux élèves de l’Ontario participeront au dialogue et à des activités sur la race et le racisme, en particulier les élèves noirs, et ce, à juste titre. Dans nos plans pour le retour à l’école, nous nous concentrerons sur la mise en place de climats scolaires qui favorisent la santé mentale, et qui sont sécuritaires et authentiques afin d’aborder ces discussions.

En remettant en question le statu quo et en planifiant un changement systématique important, nous devons nous préparer à contribuer à faciliter ces processus. En tant qu’adultes soutenant les élèves à l’école (quelle que soit la manière dont l’éducation est dispensée à l’automne et au-delà), nous jouons tous un rôle dans la lutte contre le racisme systémique et dans la construction de sociétés plus justes.

L’engagement en faveur d’un changement positif exige également que nous examinions nos propres préjugés.

Nous devons reconnaître la complexité et la nature profonde de ce problème, qui exige lui-même des voix et des perspectives multiples. Il est temps que les conseils scolaires collaborent avec l’ensemble de la communauté et reconnaissent qu’il est important de déconstruire nos systèmes et de les réviser pour inclure et soutenir tout le monde. Nous devons le faire en agissant de manière concrète. Cela nous oblige tous à faire un peu de travail, surtout ceux d’entre nous qui ne sont pas noirs.

En tant que communautés d’apprentissage, nous pouvons :

  • soutenir et créer des climats qui favorisent la santé mentale et le bien-être pour encourager le dialogue
  • écouter, croire et agir en fonction de ce que nous disent les élèves et leurs familles
  • déstabiliser les puissantes idées non examinées qui soutiennent le racisme systémique
  • nous engager dans un apprentissage qui n’est pas confortable et qui peut avoir un impact émotionnel

Les sentiments de malaise sont normaux. Ils nous aident à mieux nous comprendre, à comprendre le rôle que nous jouons dans la perpétuation du racisme envers les Noirs et comment nous pouvons l’éliminer.

Un groupe de leaders en santé mentale et l’équipe de Santé mentale en milieu scolaire Ontario ont travaillé à l’élaboration d’une ressource conçue à l’intention du personnel enseignant pour Aborder des discussions avec les élèves sur le racisme envers les Noirs au sein d’un climat qui favorise la santé mentale. Les équipes de leadership en santé mentale des conseils scolaires, en partenariat avec les équipes d’équité et d’inclusion, peuvent utiliser cette ressource aux fins suivantes :

  • aider à mettre en place des plans pour une rentrée scolaire qui favorise la santé mentale des élèves
  • encourager des conversations courageuses sur le racisme envers les Noirs et ses effets sur la santé mentale et le bien-être.
  • aider les membres du personnel attentionnés à aborder les questions du racisme envers les Noirs avec les élèves, à y réfléchir, et à oeuvrer pour un retour à l’école qui, à la fois, favorise la santé mentale et prévoit des actions systémiques contre le racisme pour améliorer les résultats en matière de la santé mentale des élèves noirs et racialisés.

Lorsque nous nous préparons à entamer des discussions sur la race et le racisme envers les Noirs, au niveau du système ou de l’école, il importe de réfléchir profondément à nos propres préjugés, à nos propres privilèges et à notre propre position sociale. Nos propres identités croisées ont une incidence directe sur la façon dont nous traitons les autres et interagissons avec eux. Ce travail de base est essentiel pour soutenir le personnel enseignant dans ses discussions avec les élèves sur le racisme envers les Noirs.

Pour approfondir votre compréhension du racisme envers les Noirs en Ontario, voici le document complet intitulé, "Comprendre le racisme envers les Noirs pour soutenir la santé mentale et le bien-être des élèves noirs et racialisés," créé par Santé mentale en milieu scolaire Ontario.Santé mentale en milieu scolaire

Pour aceder plus de ressources, veuillez vous rendre sur le site web de Santé mentale en milieu scolaire Ontario www.smho-smso.ca

Reférences:

Appia, V., & Kurek, D. (2019). Closing the gap: Why are black students in Toronto less likely to thrive? Toronto.com. Retrieved August 30, 2022, from https://www.toronto.com/news/closing-the-gap-why-are-black-students-in-toronto-less-likely-to-thrive/article_9980a973-bc75-5ad0-83ef-411f42c0ad3b.html 

KOJO Institute (2022). The language of equity. Kojo Institute - Equity & Organizational Change. Retrieved August 30, 2022, from https://kojoinstitute.com/the-language-of-equity/

Paradies, Y. C. (2006). Defining, conceptualizing and characterizing racism in health research. Critical Public Health, 16(2), 143–157. https://doi.org/10.1080/09581590600828881

Williams, D. R., González, H. M., Neighbors, H., Nesse, R., Abelson, J. M., Sweetman, J., & Jackson, J. S. (2007). Prevalence and distribution of major depressive disorder in African Americans, Caribbean blacks, and non-Hispanic whites: Results from the National Survey of American Life. Archives of General Psychiatry, 64(3), 305–315. https://doi.org/10.1001/archpsyc.64.3.305