Miser sur la réussite : appliquer les principes de l’enseignement direct à la lecture dans une salle de classe ordinaire

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Par Martin Smit, Conseiller Pédagogique à LDAO et Nicole Lesage, OEO, CS Hastings and Prince Edward 

Comme les programmes d’enseignement direct de la lecture deviennent plus courants dans l’ensemble des conseils scolaires de l’Ontario, les enseignants se demandent comment appliquer les principes de l’enseignement direct (ED) à une salle de classe ordinaire. L’enseignement direct consiste à enseigner de manière explicite des concepts fragmentés. Il s’agit d’une approche axée sur l’enseignant qui se concentre sur la maîtrise des compétences et des concepts. Les programmes d’ED de la lecture sont habituellement donnés en dehors de la salle de classe ordinaire par des enseignants possédant une formation spécialisée. Ces aides à la lecture du palier 3 offrent un énorme avantage aux élèves concernés, mais qu’en est-il des élèves qui ne remplissent pas les conditions requises pour bénéficier de cette intervention, ou des élèves qui ont seulement besoin de renforcer quelques compétences particulières?

Les programmes d’ED de la lecture se concentrent sur l’acquisition de compétences en décodage. Travailler à adapter les principes de l’ED dans la salle de classe ordinaire peut profiter à tous les élèves :

• L’ED renforce les concepts de décodage appris par les élèves dans un programme du palier 3.
• Permet aux autres élèves ayant des besoins particuliers d’apprendre les concepts de décodage d’une manière précise.
• Offre aux élèves qui se développent normalement une occasion de clarifier et de solidifier la compréhension des concepts de décodage, ce qui améliorera leurs capacités de lecture et d’écriture.

Prêter attention à certaines stratégies organisationnelles aidera à assurer la réussite lors de l’application des principes de l’ED dans une salle de classe ordinaire

• Créer des routines claires.
• Être bien organisé et s’engager envers la routine quotidienne.
• S’engager envers l’enseignement quotidien pendant de courtes périodes.
• Comprendre la manière de déterminer les compétences précises à enseigner, telles que le décodage, la compréhension et la fluence, et un ordre logique dans lequel les présenter.
• Se concentrer sur la répétition et la maîtrise des compétences. Présenter de nouvelles compétences à un rythme lent, mais stable.

L’enseignante chargée de cours Nicole Lesage, une accompagnatrice en littératie chevronnée possédant une formation et de l’expérience en enseignement direct, partage son expérience à l’aide d’éléments clés de l’ED dans une salle de classe ordinaire. L’engagement de Nicole à appliquer ces principes a donné lieu à d’étonnants résultats pour l’ensemble de ses élèves. Ses routines en classe reflètent son engagement et sa compréhension des données pour déterminer les besoins précis et individuels des élèves auxquels on peut répondre grâce à l’enseignement précis des concepts du langage.

Nicole croit que la lecture est un secteur où il existe d’importants besoins dans toutes les écoles de l’Ontario. Trop d’élèves ont des lacunes dans trop de domaines de lecture, ce qui a des répercussions non seulement sur l’enseignement quotidien dans nos salles de classe, mais aussi sur le visage de l’éducation dans son ensemble. L’enseignement direct est requis pour remédier à ces lacunes et créer des enfants cultivés munis d’une variété de stratégies pour décoder les mots et comprendre les idées. Afin de fournir à nos élèves la qualité d’enseignement de la lecture dont ils ont besoin, nous, en tant qu’enseignants, devons mieux comprendre les compétences qui créent des lecteurs et offrir des possibilités constantes de les mettre en pratique et en application.

Nicole répond à une série de questions sur l’enseignement direct :

Qu’est-ce qui vous a menée à mettre en œuvre certains des principes de l’enseignement direct dans votre salle de classe?

Mes élèves ne pouvaient pas lire. Quel que soit le lieu (une école d’application, dans des écoles ayant des besoins élevés à titre d’accompagnatrice en littératie ou à titre d’enseignante chargée de cours), mes élèves n’avaient pas les compétences et le courage nécessaires pour persévérer avec un texte. Grâce à une analyse approfondie des fiches de lecture, des comportements en lecture, de la phonétique et des évaluations linguistiques orales, j’ai été en mesure de classer les tendances dans les données et de déterminer les prochaines étapes — dans mon propre apprentissage professionnel ainsi qu’en tant que celle qui ouvre la voie pour ses élèves.

Quelles difficultés précises en lecture avez-vous observées?

Il est intéressant de noter que je voyais que les élèves s’attardaient sur les compétences en décodage (voyelles, combinaisons de voyelles, segmentation et affixes), la compréhension (conserver le vocabulaire clé et les idées importantes au sein d’un texte) et la fluence. Il était devenu impératif que j’utilise l’ED pour cibler des besoins précis. Même si j’étais déterminée à apprendre à tous mes élèves à devenir de meilleurs lecteurs, un garçon en particulier a contribué à créer l’urgence. « Personne n’a été capable de m’apprendre à lire, a-t-il affirmé. Et je parie 5,00 $ que vous ne le pouvez pas non plus. » J’ai alors su que je devais relever ce pari.

Comment avez-vous abordé les déficits en lecture?

L’utilisation de diagnostics facilement accessibles, comme les évaluations phonétiques et les fiches de lecture, a permis de révéler les faiblesses dans le décodage (voyelles, segmentation, affixes), la compréhension et la fluence. De plus, selon les observations du comportement, j’ai constaté que les élèves avaient de la difficulté avec les fonctions exécutives et l’état d’esprit de croissance. Il était clair pour moi que mes interventions devaient être quotidiennes, précises et soucieuses du temps (30 min max., du début à la fin). Les leçons et les compétences ciblées étaient également affichées partout dans la salle de classe sur des tableaux d’ancrage; ainsi, les élèves avaient une référence à utiliser pour appliquer les compétences n’importe quand et durant n’importe quel sujet.

À quoi ressemblait votre routine en classe?

J’ai élaboré une simple routine comprenant un court segment d’enseignement direct d’une compétence qui avait été ciblée pour promouvoir la maîtrise des compétences. J’accordais ensuite du temps aux élèves pour qu’ils appliquent la compétence ciblée d’une manière soigneusement déterminée. Pendant ce temps, je cherchais des données probantes qui m’indiquaient si les élèves saisissaient ou non les nouvelles compétences et les utilisaient. Ces données m’ont dicté les prochaines étapes à suivre pour l’enseignement et l’organisation. Les élèves qui n’avaient pas maîtrisé la compétence recevaient un enseignement et/ou une séance de mise en pratique supplémentaire, et le prochain besoin le plus important pour la classe était préparé pour une prochaine leçon d’ED.

Mon engagement envers les élèves était de présenter ce volet de l’enseignement direct chaque jour pendant environ 30 minutes. Pour assurer un équilibre efficace, j’ai divisé la semaine en thèmes distincts fondés sur la littératie :

Les compétences pour chacun de ces domaines ont émané directement de l’analyse des évaluations en lecture, mais aussi des travaux quotidiens des élèves.

Des passages pour exercer la fluence d’un niveau légèrement inférieur au niveau de lecture autonome de l’élève ont été sélectionnés. (Lorsque possible, j’ai choisi des extraits de Reading A-Z). Chaque journée commençait ainsi : les élèves travaillaient de façon autonome sur leur passage pendant cinq à sept minutes. Pendant ce temps, j’allais m’entretenir avec chaque élève, je les écoutais lire leur passage et je me concentrais sur la documentation des points forts et des prochaines étapes. À la fin de la semaine, chaque enfant avait lu et avait reçu une rétroaction précise. Cela était documenté en haut de la page et comprenait « Une chose que j’ai aimée » et « Une chose sur laquelle travailler ». Chaque vendredi, les élèves sélectionnés lisaient leur passage à la classe. Mon objectif était que chaque élève ait l’occasion de lire devant la classe chaque mois. Ce temps individuel aide tant l’enseignant que les élèves à demeurer responsables de leur travail.

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Dites-nous en plus au sujet de ces thèmes fondés sur la littératie

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Les Mots que vous devez connaître (mots irréguliers) sont ces mots qui ne peuvent pas être décodés parfaitement – comme que, le/la et qui. Les élèves ont appris ces mots par cœur, ce qui a contribué à favoriser la fluence dans leur lecture.

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Nos leçons Compréhension se fondaient sur la compréhension suivante : lorsque les élèves consacrent la plus grande partie de leur énergie à décoder le texte, il ne leur reste pas assez d’énergie pour le comprendre. Par conséquent, l’enseignement direct pour la compréhension s’est concentré sur l’utilisation d’esquisses rapides, de symboles et/ou de mots clés pour représenter les idées. L’objectif final était que les élèves représentent visuellement les idées principales d’un passage pour faciliter la visualisation, le résumé et la prise de notes.

Étude de mots a compris des voyelles et des combinaisons de voyelles, ainsi que la segmentation et des affixes. Deux jours de la routine hebdomadaire ont été consacrés à cette étude. Nous avons commencé par les voyelles en disant simplement le son et le nom. Nous avons exploré les mots qui ne respectent pas les règles comme le son « a » dans « gare » ou le son « a » dans « topaze ». Les leçons ont passé aux combinaisons de voyelles et à la segmentation (déconstruire les mots à l’aide des voyelles et décoder les mots plus petits/parties de mots à l’aide des segments). Finalement, des leçons sur les affixes ont été enseignées. Toute cette étude de mots a continué de miser sur les compétences de base du décodage, ce qui a aidé tous mes élèves à devenir de meilleurs lecteurs.

Même si nous faisions un exercice de fluence chaque jour, celui du vendredi était mon préféré personnellement. Cinq élèves présélectionnés lisaient leur passage devant toute la classe. Ces présentations se concentraient sur la mise en œuvre des objectifs de lecture des élèves pour le passage. Les élèves dans l’auditoire ont cerné les points forts (à l’aide d’un tableau des lecteurs efficace), et j’ai sélectionné une seule prochaine étape. Permettre aux élèves d’élaborer un processus de rétroaction les a aidés à devenir des observateurs précis et à reconnaître leur rôle positif dans la croissance de leurs pairs. Ainsi, chaque élève dans la classe avait plusieurs accompagnateurs sur qui ils pouvaient compter pour obtenir de la rétroaction positive et réfléchie.

Que vouliez-vous que les élèves apprennent au sujet de leur croissance en lecture?

L’objectif général de ce point de concentration sur l’enseignement direct était d’aider les élèves à comprendre que la lecture se compose d’une variété de compétences qui, une fois maîtrisées, nous permettent de comprendre les idées d’un texte plus rapidement. Comprendre ce que font les lecteurs efficaces démystifie tout le processus pour les élèves et nous permet d’appliquer des stratégies lorsque cela devient difficile. Les lecteurs efficaces ne lisent pas parfaitement; ils font preuve de flexibilité et peuvent recourir à plusieurs stratégies lorsqu’il y a une perte de compréhension.

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Qu’est-ce que vous avez appris et que vous aimeriez partager avec les enseignants?

Alors que je mettais en œuvre cette nouvelle routine, j’ai appris l’importance du dégagement progressif de responsabilité au début pour établir les routines. J’ai appris combien cela pourrait être efficace de travailler avec le même passage pendant une semaine, mais en poursuivant un point de concentration différent chaque jour. J’ai appris à être très précise en modelant la lecture avant de transférer cette responsabilité aux élèves, et l’importance de tenir les élèves responsables des attentes à l’égard de l’enseignement direct. J’ai également appris combien de données probantes pouvaient être recueillies pour montrer que les élèves comprennent et appliquent les compétences et les concepts lorsque ceux-ci sont clairement enseignés et divisés en simples étapes.

Quels conseils pouvez-vous donner aux enseignants qui mettent en œuvre l’ED dans leur salle de classe?

L’engagement d’appliquer l’ED à une salle de classe ordinaire consiste à viser certains objectifs :

• Planifiez des leçons quotidiennes non interrompues. Les écoles sont remplies de distractions (assemblées, annonces, journées spéciales) qui ralentissent les progrès et retardent l’apprentissage. L’ED devient très puissant lorsqu’il se produit chaque jour sans interruption.
• Restez concentré sur la maîtrise des petites compétences et sur les petites étapes. Cette maîtrise montera en puissance et commencera à se transformer en grandes étapes de croissance.
• Appliquez les concepts des leçons d’ED à d’autres matières. Comme les compétences sont affichées autour de notre salle de classe, les élèves peuvent y accéder dans toutes les matières et reconnaître que de bonnes compétences en lecture sont nécessaires dans toutes les matières.
• Utilisez des données pour déterminer les besoins, planifier les leçons et suivre les progrès.
• Collaborez avec les autres enseignants. Travailler avec les autres peut être revigorant et satisfaisant, et cela aidera à renforcer votre compréhension de l’ED et de l’enseignement de la lecture.

Lorsque nous reconnaissons que la lecture est une compétence essentielle pour tout le monde, cela crée un sentiment d’urgence chez nous, les enseignants. Cette urgence nous aide à nous concentrer sur la sélection, la séquence et la maîtrise de chaque compétence, et elle ajoute un autre aspect à la vue d’ensemble.

Vos données vous ont-elles surprise?

Je m’attendais à une croissance de la part de mes élèves, mais j’ai été surprise de constater que chacun d’entre eux améliorait ses compétences en lecture d’une façon que je n’avais pas imaginée. Entre septembre et mars, chaque élève a acquis des compétences particulières, et bon nombre d’entre eux ont franchi un certain nombre de niveaux de lecture. J’étais tellement contente de voir que la moyenne de la classe en lecture était passée du niveau de 1re année au niveau de 3e année, et que presque la moitié de mes élèves lisaient entre un niveau de 4e année et un niveau de 6e année. La concentration sur l’enseignement direct de compétences précises en lecture et en décodage en était manifestement la raison. Nous avons célébré la croissance en lecture presque quotidiennement avec les camarades de classe, l’administration de l’école et les parents. Autre point positif : le profil de ma classe a commencé à vraiment préciser les élèves qui étaient susceptibles de nécessiter du soutien supplémentaire dans l’avenir. Les quelques élèves qui progressaient plus lentement pouvaient se voir donner un enseignement et du soutien plus précis et plus intensifs.

Et qu’en est-il du pari de 5,00 $?

Je l’ai gagné. J’ai fait passer l’élève du niveau D au niveau L (de la fin de la maternelle au milieu de la 2e année) en seulement sept mois. Je lui avais appris à lire à l’aide de l’enseignement direct. Il était ravi et a insisté pour tenir sa promesse par rapport au pari. Nous avons convenu que j’afficherais une réplique du billet de 5 $ au mur pour rappeler qu’il — et que toute autre personne — peut apprendre à lire!

L’enseignement direct est un outil nécessaire et puissant qui peut être utilisé pour tirer profit de votre enseignement en salle de classe ordinaire. Il soutient l’apprentissage des élèves qui ont de la difficulté et renforce la compréhension et l’acquisition des compétences de tous les élèves. Je ne peux pas imaginer ma classe sans ma routine de 30 minutes axée sur des compétences précises, et je sais que mes élèves n’auraient pas autant progressé sans elle.