Collaboration avec les élèves
Un modèle collaboratif constitue une autre méthode de différenciation particulièrement utile pour les élèves plus âgés.
Élaborée par Laurie Faith, l’approche appelée Activated Learning (l’apprentissage par l’action) est très simple. Selon cette approche, les enseignantes et enseignants doivent prolonger leur période d’enseignement de cinq minutes pour tenir une discussion avec toute la classe. Dans le cadre de cette discussion, ils abordent ensemble les obstacles auxquels les élèves se buteront dans le cadre de certains travaux et cocréent des stratégies pour réussir. Les enseignantes et enseignants demandent aux élèves de prêter une attention particulière aux fonctions exécutives dont ils auront besoin pour réaliser l’activité d’apprentissage. Les élèves reçoivent ensuite une rétroaction et leur mise en œuvre des stratégies convenues fait l’objet d’une évaluation. Ces processus peuvent être appliqués à n’importe quel moment de la journée et aussi souvent que nécessaire.
Plus les enseignantes et enseignants en demandent aux élèves, plus ils sollicitent leurs fonctions exécutives. Ces fonctions, soit l’attention, la flexibilité, la maîtrise des émotions, l’initiation, l’inhibition et l’organisation, permettent, de concert avec la créativité et l’intellect, de s’adapter à des situations nouvelles ou complexes. Elles permettent aux élèves d’exprimer leurs talents, d’apprendre à l’école, de prospérer sur le marché et de jouir de relations saines.
L’apprentissage par l’action fait appel à des pratiques pédagogiques bien établies telles que l’enseignement fondé sur l’enquête (À quelles difficultés nous buterons-nous?), la cocréation de stratégies (Que ferons-nous pour surmonter nos difficultés?) et la rétroaction et l’évaluation constructives (Je te tiendrai responsable et je vais assurer un suivi de ton utilisation de cette stratégie!). Dans la pratique, cette séance de dépannage métacognitif se tiendra lorsque l’enseignante ou l’enseignant estimera que la classe entière est incapable d’autoréguler son apprentissage. Voici un exemple :
ENSEIGNANTE : Vous semblez avoir de la difficulté à résoudre ces problèmes de mathématiques. Quels sont les obstacles à surmonter? Qu’est-ce qui est difficile dans cette tâche?
ÉLÈVES : Nous nous dépêchons et nous oublions certaines étapes.
ENSEIGNANTE : Cela me semble être un problème d’inhibition. Ai-je raison? Quoi d’autre?
ÉLÈVES : C’est difficile pour moi parce que mes nombres sont tous mélangés.
ENSEIGNANTE : Cela me semble être un problème d’organisation. Ai-je raison?
(La discussion se poursuit. L’enseignante suggère d’autres obstacles et encourage ses élèves à les relier à des fonctions exécutives.)
ENSEIGNANTE : Quelles stratégies pouvons-nous utiliser pour surmonter ces obstacles?
(La discussion se poursuit. L’enseignante note au tableau diverses stratégies possibles que l’élève ou les élèves pourraient adopter.)
ENSEIGNANTE : Vous avez suggéré plusieurs stratégies qui pourraient vous être utiles. Je vais vous observer pour voir laquelle vous avez choisie et utilisée. Et je prendrai des notes!
L’enseignement de ces stratégies à toute la classe permet aux enseignantes et enseignants de faire régulièrement le point auprès de tous les élèves et permet à ceux-ci d’apprendre à s’adapter, à faire preuve d’autonomie et à prendre en charge leurs propres suivi métacognitif, observation, planification et élaboration de stratégies.
L’apprentissage par l’action est particulièrement utile pour les élèves qui ont des troubles d’apprentissage, car il les aide à constater que bon nombre de leurs difficultés sont naturelles, normales et éprouvées par leurs pairs, et il leur enseigne à chercher et à utiliser les moyens à leur portée de prendre en charge leur apprentissage.