Vocabulaire

La connaissance du vocabulaire joue un rôle essentiel dans la capacité de lire des élèves. Il n’est donc pas surprenant que des études aient établi que la connaissance du vocabulaire est l’un des facteurs qui déterminent directement la capacité de compréhension de lecture [1].

Le lecteur débutant a beaucoup de difficulté à comprendre les mots qui ne font pas partie de son vocabulaire oral [2]. Pour cette raison, pour les jeunes enfants de la maternelle à la 3e année, il est très important de distinguer les habiletés liées au vocabulaire oral de celles liées au vocabulaire écrit. Si un élève ne connait pas le mot à l’oral (p.ex., jonquille), le décodage du mot sera plus pénible et la compréhension du texte potentiellement non accessible. Ainsi, l’incapacité à lire un mot peut provenir aussi bien d’un manque de connaissance orale du mot que d’une incapacité à décoder le mot.

élèves jouant avec des blocs lettresAu cours du cycle primaire, l’apprentissage de la lecture progresse du décodage de mots en maternelle à la compréhension de phrases, de paragraphes, de textes et d’histoires complètes. Chaque année scolaire subséquente devrait donc ajouter de nouvelles stratégies d’enseignement de mots qui mettent l’accent sur les éléments suivants :

  • les définitions orales et l’utilisation de nouveaux mots à l’oral;
  • les stratégies de rétention de mots nouveaux (p.ex., utilisation d’outils mnémoniques ou d’un mur de mots dans la classe);
  • la connaissance sémantique;
  • les éléments syntaxiques de la séquence de mots et expressions.

Ces quatre facteurs préparent à la compréhension de lecture à partir de la deuxième année [3]. Sachant que l’élève qui a un TA a souvent de la difficulté à récupérer les mots et à utiliser des mots abstraits [4], il est encore plus important d’enseigner diverses méthodes d’apprentissage et de rétention de mots nouveaux.

Enseigner le vocabulaire

Méthodes indirectes et directes

En général, le jeune enfant apprend des mots nouveaux de façon indirecte, lorsqu’il les entend utilisés en contexte – dans une conversation, en écoutant des adultes lire ou à la télévision et dans des films. Avec le temps, l’élève enrichit de plus en plus son vocabulaire en lisant par lui-même.

Certains mots de vocabulaire doivent être enseignés d’une manière explicite et directe – on privilégiera cette stratégie en particulier auprès des élèves ayant des TA.

Enseignement de vocabulaire à l'aide de la méthode des « Super 6 » [5]

L’enseignement du vocabulaire doit être intentionnel, explicite et pertinent. Le recours à des livres pour ce faire constitue une méthode efficace, car les histoires mettent en contexte les nouveaux mots à apprendre. Avant de lire une histoire à voix haute, les professionnels de l’enseignement sélectionnent trois ou quatre mots du texte avec lesquels les enfants ne sont pas familiarisés, et ce, dans le but de les enseigner. Chacun de ces mots doit répondre aux critères suivants :

  • Les enfants doivent déjà comprendre le concept général exprimé par le mot.
  • Le mot est utile, car les enfants le rencontreront dans d’autres contextes.

Pendant la lecture à voix haute, les professionnels de l’enseignement lisent le nouveau mot et le définissent à l’aide de mots simples. Une fois la lecture terminée, ils retournent à la page de l’histoire où le nouveau mot a été présenté et suivent les six étapes suivantes :

  1. Dire : le mot dans le contexte de l’histoire.
  2. Expliquer : sa signification à l’aide de mots simples.
  3. Donner un exemple : en se basant sur l’expérience des enfants ou de l’adulte.
  4. Faire répéter : le mot par les enfants.
  5. Personnaliser : le mot en demandant à l’enfant de faire un lien entre le mot et son vécu et en faisant part de ce lien à un pair.
  6. Interagir : avec le mot en faisant participer l’enfant à une activité multisensorielle, kinesthétique ou favorisant le développement de ce concept.

Approches sémantiques et syntaxiques

Dès la première année, le professionnel de l’enseignement doit intégrer des approches sémantiques et syntaxiques à l’apprentissage de nouveaux mots puisque, durant les premières années scolaires, elles sous-tendent la construction du sens et permettent de prédire la capacité de compréhension de lecture [6]. À cet âge, les approches sémantiques portent non seulement sur le sens des mots, mais aussi sur leurs sens figurés.

Par exemple, le professionnel de l’enseignement de première année pourrait attirer l’attention des élèves sur les nuances entre les mots (p.ex., minuscule, petit). Cette distinction sémantique contribue à l’intention et à la portée du texte, et aux fins de la construction du vocabulaire et de la compréhension de lecture. Le professionnel de l’enseignement doit donc enseigner explicitement et directement aux élèves à réfléchir au choix des mots et à l’impact des mots utilisés.

Enseignement de mots nouveaux rencontrés dans la littérature

Une routine efficace de construction du vocabulaire consiste à présenter les nouveaux mots aux élèves préalablement à la lecture d’un texte. Une bonne façon de procéder consiste à faire un survol du nouveau texte avec les élèves, en attirant leur attention sur le titre, les sous-titres et les illustrations. Le professionnel de l’enseignement demande ensuite aux élèves de prédire le sujet du texte et les mots que l’auteur pourrait utiliser.

Le professionnel de l’enseignement écrit ces mots sur une grande feuille de papier et ajoute d’autres mots qui se trouvent dans le texte mais que les élèves n’ont pas mentionnés. Le professionnel de l’enseignement inscrit le titre du texte dans le haut de la feuille et affiche ce tableau de mots au mur. On peut aussi écrire les mots sur des morceaux de carton qui seront ajoutés sur le mur de mots de la classe, afin que chaque élève ait un aide-mémoire visuel rapide.

Dans la vidéo suivante, Allyson Grant introduit des activités pour développer le vocabulaire littéraire. Cet extrait fait partie d’un enregistrement de webinaire sur le site Web de TA@l’école, cliquer ici afin d’accéder au webinaire intégral Soutenir l’apprentissage des élèves ayant des troubles du langage oral à l’élémentaire.

Cliquer ici afin d’accéder à la transcription de cette vidéo.

L’activité la plus importante pour améliorer le vocabulaire : la lecture

Les études démontrent systématiquement que la lecture, par le professionnel de l’enseignement ou par l’élève, est l’activité par excellence pour enrichir le vocabulaire. Pour l’élève qui éprouve des difficultés en lecture, il est particulièrement important d’apporter une attention explicite au sens des mots durant la lecture.

La lecture partagée pourrait être adaptée pour servir d’exemple de l’enseignement du vocabulaire auprès des lecteurs débutants ayant des TA [7]. En effet, lors de la lecture partagée, le professionnel de l’enseignement peut animer une période de lecture visant à enseigner de façon explicite le vocabulaire en suscitant la participation des élèves, en leur expliquant la signification des mots et leur contexte d’utilisation, et en leur demandant, aux fins d’illustration, de construire des phrases. Par la suite, au cours de la pratique guidée, les élèves peuvent travailler en dyade sur les stratégies mobilisées. À l’aide de ces stratégies d’enseignement, les élèves ayant des TA peuvent acquérir de 8 à 12 significations de mots nouveaux par semaine à l’école - assez pour maintenir des gains de vocabulaire moyens pendant les années de l’école primaire, si de tels programmes peuvent être maintenus pendant toute l’année [8].

Si les élèves font une lecture autonome, le professionnel de l’enseignement peut prévoir dans sa routine une fiche de mots nouveaux que les élèves doivent compléter pendant et après leur lecture. Ils y inscrivent, par exemple, cinq mots nouveaux rencontrés dans le texte, puis la stratégie qu’ils ont utilisée pour en décourvrir le sens et finalement une brève définition.

Pour en savoir plus sur l’enseignement du vocabulaire au cycle primaire, cliquer ici afin d’accéder à l’article Approche d’intégration de l’enseignement du vocabulaire à l’enseignement des stratégies de compréhension en lecture.

Comment augmenter l'exposition au nouveau vocabulaire?

Le vocabulaire est à la base de tout apprentissage scolaire. Il est important d'exposer les enfants à un vocabulaire varié et enrichi, et ce, de manière répété. L'intrant (input) doit devenir une entrée (intake) afin que les enfants puissent construire des représentations linguistiques stables. Comme il fut mentionné dans l'article intitulé « Comment aider un élève ayant un TDL dans un context d'enseignement en milieu minoritaire ? »,  il suffit, pour les enfants à développement typique, d’être exposé à un mot environ 12 fois pour que ce dernier maîtrise ce mot et se l’approprie. L’enfant qui a un trouble développemental du langage (TDL) aurait besoin de 3 fois plus d’expositions à un mot pour l’apprendre, soit 36 répétitions. Comment assurer que les enfants qui ont un TDL reçoivent les répétitions nécessaires ?

Il y a deux façons d’atteindre cette intensité A) la dose : le nombre d’expositions à un mot pendant la lecture d’un livre ou B) la fréquence de la dose : le nombre de fois qu’un livre est lu.

Par exemple, pour atteindre 36 répétitions, on pourrait A) lire un livre avec 6 mots cibles à 6 moments différents, ou encore, on pourrait B) lire un livre dans lequel le mot cible est répété 36 fois. Les études montrent qu’il est préférable d’augmenter la dose de la fréquence (option A) et non pas la dose à l’intérieur d’une même séance (option B) [9]. Alors, il est important d’introduire des nouveaux mots à plusieurs reprises pendant une même activité et à différents moments de la journée, de la semaine. Pour en apprendre plus, veuillez consulter cet article de Chantal Mayer-Crittenden.

Références

[1] Stanovich, 1986

[2] Roth, Speece, & Cooper, 2002

[3] Roth, Speece, & Cooper, 2002; Vellutino, Scanlon, Small, & Tanzman, 1991

[4] German, 1984

[5]La méthode pédagogique des « Super 6 » est fondée sur les travaux de Beck, de McKeown et de Kukan (2002) et sur le processus en six étapes de Marzano (2004) portant sur l’enrichissement du vocabulaire.

[6] Vellutino et al, 1991

[7] Alphonse et Leblanc, 2014

[8] Biemiller, 2007

[9] Dempster, 1996, Underwood, 1961