Fonctions exécutives
Les fonctions exécutives sont abordées, en lien avec le comportement des élèves, dans le document du ministère de l’Éducation Bienveillance et sécurité dans les écoles de l’Ontario : la discipline progressive à l’appui des élèves ayant des besoins particuliers, de la maternelle à la 12e année [1].
« Fonction exécutive s’emploie pour décrire un ensemble de processus cognitifs qui aident les élèves à relier les expériences du passé aux actions du présent. Les élèves utilisent la fonction exécutive quand ils pratiquent des activités comme la planification, l’organisation, l’établissement de stratégies ainsi que l’attention aux détails et leur mémorisation. La fonction exécutive permet aussi aux élèves de gérer leurs émotions et de surveiller leurs pensées afin de travailler de façon plus adéquate et efficace [2]. Les élèves qui ont un déficit de la fonction exécutive ont de la difficulté à planifier, à organiser et à gérer le temps et l’espace. Ils montrent aussi une faiblesse de la mémoire de travail, un outil qui aide dans une large mesure à orienter nos actions. » – p. 29
Cliquez ici pour accéder au document « Bienveillance et sécurité dans les écoles de l’Ontario ».
Écoutez maintenant l’extrait suivant du balado de TA@l’école TA Parlons-en, dans lequel Dre Marie-Josée Gendron, psychologue scolaire et clinique, décrit les fonctions exécutives et explique comment un déficit dans ce domaine peut nuire à l’apprentissage.
Cliquez ici pour accéder à la transcription de l’extrait audio.
Les habiletés particulières comprises dans les fonctions exécutives varient selon la source consultée, mais celles recensées sont généralement les suivantes :
- mémoire de travail
- déclenchement de tâches
- organisation
- planification et détermination des priorités
- autosurveillance
- flexibilité cognitive
- contrôle des émotions
- contrôle des impulsions ou inhibition des réactions
D’autres auteurs incluent dans leur définition les habiletés liées à l’attention, à la gestion du temps, à la persévérance, à la métacognition et d’autres.
Les fonctions exécutives se développent tout au long de l’enfance, de l’adolescence et au début de la vie adulte, et il est normal d’observer une variation des forces et des faiblesses chez des personnes différentes. Beaucoup d’élèves, qu’ils aient ou non des TA, connaissent des difficultés dans ce domaine. En fait, même les élèves ayant beaucoup de facilité et la plupart des adultes ont une ou deux fonctions exécutives plus faibles qui nuisent à leur rendement dans une certaine mesure. En comparaison, les élèves qui ont des TA, un TDAH, un trouble du spectre de l’autisme, une douance, un syndrome d’alcoolisation fœtale et un faible statut socio-économique ont souvent une faiblesse marquée dans ce domaine [3].
Soulignons que la présence d’un TA n’entraîne pas automatiquement un trouble du fonctionnement exécutif. De même, les élèves, ayant des TA ou non, qui ont des difficultés liées à certaines fonctions exécutives n’auront pas nécessairement des difficultés dans toutes les sphères du fonctionnement exécutif.
Par contre, le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) implique, par définition, des troubles du fonctionnement exécutif. Les symptômes du TDAH sont intimement liés aux habiletés de fonctionnement exécutif. Par exemple, la difficulté à maintenir sa concentration, la difficulté à suivre des directives, l’incapacité de terminer un travail, perdre des choses, la difficulté à s’organiser, répondre sans réfléchir et la difficulté à attendre son tour [4] sont autant de symptômes directement liés aux fonctions exécutives. En effet, « les experts en la matière ont constaté que les habiletés de fonctionnement exécutif se développent plus lentement chez les personnes atteintes du TDAH, le retard de développement étant de cinq ans environ chez les adultes ayant ce trouble » [5].
Plus les enseignantes et enseignants en exigent de leurs élèves, plus ils sollicitent leurs fonctions exécutives. Les fonctions exécutives travaillent de concert avec la créativité et l’intellect pour créer des réponses adaptées aux situations nouvelles ou complexes. Elles permettent aux élèves d’exprimer leurs dons et talents, d’apprendre à l’école, de s’épanouir sur le marché du travail et de vivre des relations saines.
Le problème se trouve par ailleurs exacerbé par des facteurs quotidiens tels que la surexposition aux écrans, le manque d’activité physique, une qualité de sommeil ou d’alimentation inadéquate, la maladie [6] qui peuvent inhiber le fonctionnement exécutif. Des experts ont récemment signalé que des niveaux de stress élevés ou « toxiques » ont un effet néfaste sur les fonctions exécutives [7] et peuvent même entraîner une déficience permanente [8] à l’origine de problèmes de rendement médiocre, d’inconduite ou d’une réaction démesurée au moindre de signe de rétroaction négative. Par effet conjugué, des fonctions exécutives inhabituellement faibles sont associées à des échecs scolaires, à des difficultés relationnelles, à l’anxiété, à la dépression, au trouble des conduites, à des problèmes de santé, à des comportements à risque et, ultimement, à une incarcération [9]. Les fonctions exécutives, si essentielles pour la réussite scolaire à court comme à long terme, sont vulnérables à des menaces de tous genres, et les élèves ayant des TA démarrent souvent avec un handicap dans ce domaine.
Intervention fondée sur l’apprentissage par l’action
L’apprentissage par l’action est une intervention d’adaptation du fonctionnement exécutif visant à accroître la portée de l’enseignement et de l’apprentissage qui est nécessaire pour certains et bonne pour tous dans une classe type. L’apprentissage par l’action est une méthode pédagogique autodirigée qui a notamment pour avantage de permettre aux enseignantes et enseignants d’appuyer les élèves ayant des TA dans le cadre de leur pratique quotidienne.
L’apprentissage par l’action est très simple. Elle implique l’ajout d’une leçon métacognitive de 5 minutes à l’enseignement de groupe durant laquelle les élèves et l’enseignante ou l’enseignant discutent des obstacles liés aux fonctions exécutives qui se présenteront dans des travaux particuliers, puis créent ensemble des stratégies de réussite. Les élèves reçoivent ensuite une rétroaction et une évaluation portant sur leur exécution des stratégies convenues. Cette démarche peut avoir lieu n’importe quand durant la journée, et aussi souvent que nécessaire.
L’apprentissage par l’action fait appel à des méthodes pédagogiques reconnues, comme l’apprentissage par l’enquête (À quelles difficultés ferons-nous face?), la définition d’objectifs en collaboration (Que ferons-nous pour surmonter nos difficultés?) et la boucle de rétroaction et d’évaluation constructives (Je vous transfère la responsabilité de cette stratégie et je vais m’assurer que vous l’utilisez!) Dans la pratique, cette séance métacognitive aura lieu lorsque l’enseignante ou l’enseignant constate que l’ensemble des élèves n’arrivent pas à autoréguler leur apprentissage. Voici à quoi cela pourrait ressembler :
ENSEIGNANTE : Vous semblez avoir de la difficulté avec ces problèmes mathématiques. Quels sont vos obstacles? En quoi cette tâche est-elle difficile?
ÉLÈVES : Nous nous dépêchons et oublions de faire certaines étapes.
ENSEIGNANTE : Cela ressemble à de l’inhibition. Ai-je raison? Quoi d’autre?
ÉLÈVES : Pour moi, c’est difficile parce que mes calculs deviennent un fouillis.
ENSEIGNANTE : Cela ressemble à un problème d’organisation. Ai-je raison?
(Discussion durant laquelle l’enseignante obtient d’autres suggestions d’obstacles et encourage la classe à les relier aux fonctions exécutives.)
ENSEIGNANTE : Quelles stratégies pouvons-nous utiliser pour surmonter ces obstacles?
(Discussion durant laquelle l’enseignante écrit au tableau une variété de stratégies pour les élèves.)
ENSEIGNANTE : Vous avez suggéré plusieurs stratégies qui pourraient fonctionner. Je vais observer quelle stratégie vous choisissez et utilisez, et je vais prendre des notes!
L’apprentissage par l’action est un processus qui se marie bien à la méthode d’enseignement, de rétroaction et d’évaluation axée sur les fonctions exécutives. En partenariat avec leurs enseignantes et enseignants, les élèves utilisent une série de mécanismes qui contribuent à promouvoir des sentiments d’espoir, de compétence, de contrôle et d’autonomie dans l’exploitation de leur potentiel intellectuel et créatif.
[1] Ministère de l’Éducation de l’Ontario, 2010
[2] Dawson et Guare, 2004
[3] Tau et Peterson, 2010
[4] CADDRA, 2014
[5] Dawson et Guare, 2012
[6] Swing, Gentile, Anderson et Walsh, 2010
[7] Southern Education Foundation, 2015
[8] Bethell, Newacheck, Hawes et Halfon, 2014; Burke, Hellman, Scott, Weems et Carrion, 2011; Hostinar, Stellern, Schaefer, Carlson et Gunnar, 2012; Shonkoff et Garner, 2012; Shonkoff et Phillips, 2000
[9] Hackman et Farah, 2009; Moffitt et coll., 2011