Facteurs de stress scolaires
Les élèves ayant des TA vivent souvent des échecs à répétition. À l’école, ils peuvent travailler incroyablement fort sans obtenir un résultat à la hauteur de leurs efforts. Avec le temps, il leur devient de plus en plus difficile de continuer à essayer et ils vont souvent adopter des comportements perçus comme de la défiance ou de l’opposition alors qu’en fait, il pourrait s’agir d’une stratégie d’adaptation par l’évitement ou destinée à cacher leur découragement.
Dans ce contexte, l’enfant finit par perdre son sentiment de maîtrise et a moins d’occasions de se sentir compétent dans quoi que ce soit ou d’avoir du succès. Les élèves ayant des TA peuvent avoir le sentiment de ne pas répondre aux attentes des autres ou à leurs propres attentes, de décevoir leurs parents et enseignants, et de ne pas faire assez d’efforts alors qu’en réalité, ils travaillent tellement fort. Tous ces facteurs peuvent engendrer des sentiments négatifs tels que l’inquiétude, la colère, la frustration et la tristesse. Si un élève est continuellement confronté à des stress en milieu scolaire, nous pourrons observer des comportements d’évitement expérientiel par lesquels l’élève cherche à se soustraire aux épreuves.
Voici des tâches scolaires courantes qui sont source de stress :
- suivre le rythme des camarades de classe et des pairs;
- garder le fil des conversations durant un travail d’équipe;
- prendre des notes tout en écoutant;
- comprendre plusieurs instructions;
- déplacer son attention et faire la transition entre des matières ou des tâches;
- lire avec rapidité et précision;
- comprendre ce qui est lu;
- exprimer des idées oralement ou par écrit;
- répondre spontanément à une question;
- dessiner et écrire à la main;
- maîtriser l’orthographe et la grammaire;
- parler devant la classe;
- participer aux cours d’éducation physique (p. ex., participer à des activités qui sollicitent une coordination œil-main ou réussir à suivre ce qui se passe dans les sports);
- faire des devoirs et des travaux.
Il est important de bien connaitre vos élèves afin de comprendre ce qui leur cause du stress. Le profil d’élève ainsi que le plan d’enseignement individualisé (PEI) sont des ressources importantes pour comprendre les difficultés particulières des élèves, ce qui causent souvent le stress. De plus, il faut faire attention aux activités qui provoquent des signes de stress et assurer que les observations continues soient documentées. Faire attention aux tâches que les élèves peuvent réussir et à celles qui nécessitent du soutien supplémentaire. Fournir aux élèves des opportunités de participer à des activités significatives pour eux et par lesquelles ils peuvent renforcer leur confiance et estime d’eux-mêmes.
Pour plus d’informations sur les profils d’élèves, voir les pages 44 à 52 du document L’apprentissage pour tous.
Stress lié au changement et aux transitions
Des changements et des transitions se produisent tout au long de la vie, qu’il s’agisse de passer d’une matière à une autre ou de changer d’école. À l’école, les élèves vivent des transitions chaque jour (d’un cours à un autre), chaque année (passage au niveau suivant) et aux quelques années (changement d’école).
Les raisons pour lesquelles les transitions peuvent se révéler plus difficiles pour les élèves ayant des TA sont nombreuses. Ces élèves peuvent avoir plus de difficulté à généraliser les connaissances apprises et maîtrisées dans un environnement et à les appliquer à un nouvel environnement. Souvent, les élèves ayant des TA ont une façon de penser et d’agir très concrète et rigide, ce qui nuit à leur capacité d’adapter leurs habiletés en fonction d’un nouveau contexte.
L’élève peut finir par acquérir une certaine aisance dans un environnement social et physique après avoir vécu beaucoup d’inconfort et mis beaucoup d’énergie et de temps. Et après avoir fait la transition dans un nouvel environnement, il devra à nouveau mettre beaucoup de temps et d’effort pour atteindre un niveau d’aisance.
Pour compliquer les choses, lorsqu’il quitte un environnement familier, l’élève peut s’inquiéter de son incapacité à se sentir à l’aise; les nouveaux environnements peuvent alors sembler intimidants et exacerber les sentiments d’anxiété existants. Si l’élève a déjà été victime de taquineries, d’intimidation ou de rejet, ces expériences sociales négatives passées peuvent créer chez lui l’expectative d’expériences douloureuses dans le nouveau milieu.
Pour plus de renseignements par rapport à soutenir les élèves pendant des transitions, voir les ressources suivantes :
Facteurs de stress sociaux
La participation à des relations sociales significatives est un facteur important qui contribue au maintien d’une bonne santé mentale et au bien-être tout au long de la vie. Sans relations sociales positives, les enfants sont plus susceptibles de vivre un manque d’estime de soi [i], la solitude [ii], le rejet social [iii], l’intimidation et la victimisation par des pairs [iv], et ils sont aussi plus à risque de vivre des échecs scolaires [v].
Compétence sociale
La compétence sociale concerne la capacité de participer de manière autonome à des interactions sociales satisfaisantes, de créer et de maintenir des relations avec les autres, et de répondre à ses besoins et désirs dans différents contextes [vi]. Elle suppose de savoir comment utiliser un ensemble complexe d’habiletés, au bon moment et dans le bon contexte.
La compétence sociale englobe diverses habiletés, notamment [vii] :
- des aptitudes sociales appropriées à l’âge;
- la capacité de réguler ses comportements et émotions;
- la capacité d’envisager d’autres points de vue;
- la capacité de comprendre l’environnement social (les conventions).
Les élèves qui ont des TA peuvent avoir de la difficulté à maîtriser la compétence sociale. Le lien entre les TA et les difficultés liées à la compétence sociale peut être expliqué, en partie, par la nature de la difficulté de la personne à traiter l’information [viii]. Par exemple, s’il nous est difficile d’interpréter le langage abstrait et les mots ayant plusieurs sens (polysémiques), nous pourrions ne pas reconnaître une remarque sarcastique ou avoir peine à déterminer si le message vise à séduire ou à ridiculiser. Les troubles de mémoire peuvent diminuer la capacité de suivre un échange social. Les élèves qui ont des troubles liés aux fonctions exécutives peuvent avoir de la difficulté à résoudre des problèmes à caractère social ou à lâcher prise sur certaines idées. Cela peut diminuer leur capacité de gérer les conflits avec des pairs ou de négocier des projets d’équipe à l’école. Un bon nombre des processus cognitifs influencent notre capacité de suivre une discussion de groupe et d’y participer. La personne qui a une faible vitesse de traitement peut avoir une très bonne idée à contribuer à la discussion, mais elle la propose alors que les autres ont déjà changé de sujet trois fois.
Les élèves atteints de TA ne connaîtront pas tous des difficultés sociales, mais on estime que jusqu’à 75 % des enfants et des jeunes qui ont des TA vivent des difficultés dans leurs relations sociales [ix]. La nature du déficit en aptitudes sociales peut varier, selon le type de TA et/ou la présence de problèmes de santé mentale.
L’élève peut avoir de la difficulté :
- à lire les expressions faciales, le langage corporel, le ton de voix et d’autres indices sociaux non verbaux;
- à comprendre le sarcasme et/ou l’humour;
- à résoudre efficacement les problèmes d’ordre social;
- à suivre les conversations de groupe durant les récréations ou le travail d’équipe en classe;
- à se souvenir d’éléments d’information concernant des situations sociales.
Cliquer ici afin d’accéder au document Fiche-conseils pour l’équipe-école : la compétence sociale.
Intimidation
L’intimidation est une forme de comportement agressif et répété dirigé contre une personne (ou des personnes) dans le but de causer un préjudice, de la peur ou de la détresse [x]. L’intimidation se produit dans un contexte de déséquilibre de pouvoirs réel ou perçu [xi].
Les enfants et les jeunes qui ont des TA courent un risque accru d’être victimes d’intimidation. Les caractéristiques suivantes peuvent marquer les élèves ayant des TA comme différents de leurs pairs; par conséquent, ces élèves peuvent devenir des cibles faciles du fait qu’ils sont moins bien acceptés par leurs pairs [xii].
- avoir besoin d’aide supplémentaire de leurs enseignants ou de leurs pairs;
- être séparés de leurs camarades de classe durant la journée ou placés dans une classe distincte;
- avoir de la difficulté à créer et à maintenir des relations (p. ex., interpréter les indices sociaux verbaux et non verbaux);
- avoir de la difficulté à gérer leurs comportements et émotions en milieu scolaire (p. ex., voix forte, comportement hyperactif et/ou dérangeant, bavard).
Médias sociaux
Les enfants et les jeunes créent et partagent de l’information sur différents sites de médias sociaux auxquels ils ont accès sur leurs téléphones, tablettes et ordinateurs. Il est exigeant, pour le personnel scolaire, de se tenir continuellement à la page toujours changeante des médias sociaux pour s’assurer que les élèves sont en sécurité en ligne. Au lieu d’apprendre tous les types de médias sociaux (ce qui serait très ardu), vous pouvez vous renseigner sur les types de médias sociaux que vos élèves utilisent et sur leur façon de les utiliser.
Les médias sociaux peuvent offrir aux élèves ayant des TA des occasions positives de communiquer en ligne avec leurs amis, tout en renforçant leur estime et leurs sentiments d’appartenance et d’attachement social. Ceci dit, les amis virtuels NE remplacent PAS les occasions de socialiser en personne avec les membres de la famille et les amis [xiii]. Bien que les médias sociaux soient utiles pour entretenir les amitiés existantes, il est tout aussi important d’encourager la socialisation en personne pour atténuer le sentiment de solitude [xiv].
Cyberintimidation
L’utilisation de sites de médias sociaux comporte aussi des dangers, le plus courant étant la cyberintimidation. On parle de cyberintimidation lorsqu’une personne utilise les technologies électroniques et/ou de communication (p. ex., cellulaires, ordinateurs, tablettes, sites de médias sociaux, textage) pour harceler et intimider quelqu’un.
La cyberintimidation peut consister, par exemple :
- à exclure des personnes;
- à envoyer des messages blessants ou menaçants;
- à propager des rumeurs;
- à divulguer des renseignements privés;
- à publier des photos embarrassantes;
- à créer des sites Web ou des profils pour ridiculiser des personnes.
Le personnel scolaire peut jouer un rôle important en enseignant aux élèves comment réagir à l’intimidation en ligne. Voici les points clés à communiquer aux élèves :
- Ne pas riposter. Si vous décidez plus tard de signaler l’incident, les ripostes donneront l’impression qu’il s’agissait simplement d’une chicane.
- Conserver les preuves. Sauvegardez les textos, messages instantanés, vidéos ou images.
- En parler à une personne de confiance. Parlez à un parent, à un membre du personnel scolaire ou à un adulte de confiance.
- Signaler l’incident. Signalez l’incident au responsable du site sur lequel a lieu l’intimidation ou à la police si cela affecte votre capacité de fonctionner ou si vous avez peur.
Pour plus d’infos sur les médias sociaux, voir les ressources suivantes :
Cliquer ici afin d’accéder au site Web de HabiloMédias.
Cliquer ici afin d’accéder au site Web du Gouvernement du Canada, Pensez cybersécurité.
Références
[i] Sideridis, 2007
[ii] ValÅs, 1999
[iii] Bryan, Burstein et Ergul, 2004
[iv] Mishna, 2003
[v] Parker et Asher, 1987
[vi] Stichter, O’Connor, Herzog, Lierheimer et McGhee, 2012
[vii] Baumeister, Storch et Geffken 2008; Schechtman et Katz, 2007
[viii] Milligan, Phillips et Morgan, 2015
[ix] Kavale et Forness, 1996
[x] Ministère de l’Éducation de l'Ontario, 2012
[xi] Mishna, 2003
[xii] Mishna, 2003
[xiii] Sharabi et Margalit, 2011
[xiv] Sharabi et Margalit, 2011