Évitement expérientiel

De façon générale, personne n’aime vivre des émotions difficiles. Il est donc tout à fait naturel de chercher à éviter les épreuves et la souffrance. Les élèves apprennent qu’il est parfois préférable de mal se comporter que d’avoir l’air stupide et peuvent :

  • passer à l’acte pour éviter la situation ou faire comme si elle n’existait pas;
  • s’auto-médicamenter;
  • adopter des stratégies pour éviter de ressentir du stress et des émotions négatives.

Par exemple, l’élève ayant des TA peut sembler plus distrait ou moins concentré en classe et peut hésiter davantage à participer aux activités en groupe ou à répondre à des questions devant leurs camarades de classe.

L’évitement expérientiel peut rendre l’élève plus réticent à recevoir de l’aide et des adaptations. Chercher à éviter les émotions inconfortables et les situations difficiles peut être efficace sur le moment pour atténuer la détresse, mais, à long terme, il s’agit d’une stratégie inadaptée. En n’apprenant pas à ressentir et à tolérer les émotions négatives intenses ou les situations difficiles, la personne rate des occasions d’apprendre à maîtriser ses émotions, d’acquérir des habiletés d’autorégulation et d’adaptation et de développer sa résilience.

Combattre, fuir ou figer

Lorsque nous faisons face à un stress ou à une menace perçue, le système nerveux autonome s’active automatiquement. Notre corps produit alors une réaction physiologique en réponse à la menace qui nous amène à combattre, à fuir ou à figer comme moyen de survie. Pensons à nos ancêtres confrontés à un tigre aux dents acérées dans une grotte. La réaction d’adaptation consistait alors à « combattre » (c’est à dire répondre à une menace perçue par une agression) ou à « fuir » (se sauver de la menace).

Nous sommes prédisposés à réagir à une menace perçue par la mobilisation de nos systèmes d’activation, mais dans le monde d’aujourd’hui, la menace met rarement notre vie en péril, comme appréhender un examen ou un exposé oral. Des modes réactifs inconscients finissent souvent par s’installer. Certaines personnes auront ainsi des excès de colère ou se mettront sur la défensive lorsqu’elles éprouvent de l’anxiété. D’autres auront plutôt tendance à se retirer et à éviter l’élément déclencheur. D’autres, encore, peuvent figer et rester bloquées.

Comportements inadéquats

Les raisons pour lesquelles un élève adopte des comportements négatifs sont nombreuses et variées, en particulier s’il est atteint d’un TASM. Par exemple, ce qui pourrait sembler être de l’entêtement ou de l’opposition pourrait en fait indiquer que l’élève a des TA qui touchent la vitesse de traitement et les fonctions exécutives, ainsi qu’un trouble anxieux. Dans ce cas, il est possible que l’élève prenne plus de temps à comprendre les consignes ou à commencer une activité et qu’il fige lorsqu’il fait face à quelque chose de nouveau ou d’imprévu.

En plus des troubles d’apprentissage et des problèmes de santé mentale, d’autres facteurs peuvent contribuer au comportement que nous voyons en surface, par exemple :

  • des facteurs physiques tels qu’un trouble d’intégration sensorielle (trop de bruit dans la classe, etc.), la fatigue ou la faim;
  • des facteurs environnementaux comme un conflit ou un changement récent à la maison, les comportements appris;
  • des facteurs sociaux comme l’intimidation, l’exclusion ou des conflits avec des pairs.

Le comportement est souvent une façon de communiquer qu’il se passe autre chose.

Le comportement comme pointe de l’iceberg

Dessin d'un iceberg

Les élèves ayant des TA communiquent, même sans se rendre compte, à travers leurs comportements. Une bonne analogie consiste à voir le comportement comme la pointe de l’iceberg (ce que nous voyons à la surface), tandis que les divers facteurs qui contribuent au comportement forment la partie de l’iceberg qui se trouve sous l’eau et hors de la vue. Lorsque les exigences de l’environnement l’emportent sur les habiletés de l’élève, des comportements inadéquats peuvent se présenter.

Pour pouvoir agir sur le comportement de l’élève, il faut essayer de comprendre ce qu’il y a « sous la surface » ou, autrement dit, le message communiqué par le comportement. Si le comportement est hors de la norme pour cet élève, les questions suivantes peuvent aider à comprendre le message.

  • Qu’est-ce qui s’est passé juste avant le comportement?
  • Qu’est-ce qui s’est passé après le comportement?
  • Est-ce qu’il pourrait y avoir des facteurs qui renforcent ce comportement?
  • Quelle est la fréquence du comportement?
  • Quelle est la durée du comportement?
  • Quelle est l’intensité du comportement?

En cherchant des indices concernant la cause du comportement, les professionnels de l’enseignement peuvent développer une meilleure compréhension du comportement et des solutions possibles.