En tant que parent qui se retrouve maintenant avec la responsabilité d’enseigner à votre enfant, vous trouvez peut-être cela difficile d’enseigner des concepts mathématiques que vous n’avez pas revus depuis de nombreuses années, surtout quand votre enfant a des troubles d’apprentissage (TA). J’espère que le présent article vous montrera cinq façons utiles d’intéresser votre enfant aux mathématiques et de l’aider dans cette matière à la maison.
Les « nouvelles » mathématiques et l’angoisse engendrée par cette matière
J’enseigne au niveau intermédiaire et je constate que les parents me posent souvent la même question lors de nos rencontres initiales : En quoi consistent les NOUVELLES mathématiques? Pour commencer, laissez-moi vous assurer qu’aucun nouveau concept n’a été inventé en mathématiques depuis très longtemps (du moins au niveau élémentaire – mais, comme la plupart des sciences, les mathématiques évoluent). Alors, qu’y a-t-il de nouveau au sujet de ces mathématiques? Il s’agit tout simplement d’une nouvelle façon d’examiner d’anciens concepts. Au lieu de faire apprendre un concept par cœur, nous présentons plusieurs options aux élèves. Les nouvelles mathématiques élargissent les techniques et les stratégies de calcul mental.
Prenez, par exemple, 72 - 17. La plupart d’entre nous qui ont appris selon l’ancien système d’éducation utiliseraient un algorithme standard pour résoudre ce problème mentalement (nous commencerions par la colonne des unités, puis nous passerions à la colonne des dizaines) :
72
- 17
55
Les nouvelles mathématiques offrent plusieurs techniques de calcul mental, comme « l’addition » :
Je sais que 17 + 50 = 67
67 + 3 = 70
70 + 2 = 72, alors
50 + 3 + 2 = 55
ou la « compensation » :
Je n’aime pas les nombres qui ne sont pas arrondis, alors au lieu d’utiliser 17, je vais l’arrondir à 20.
72 - 20 = 52. Vu que j’ai ajouté 3 à 17, je dois ajouter 3 de plus à mon résultat.
52 + 3 = 55
Les élèves qui ont des troubles d’apprentissage en mathématiques ont souvent une faible estime de soi et ressentent de l’anxiété face aux mathématiques. Il est donc utile d’aborder cette matière avec assurance et positivisme pour encourager votre enfant à essayer de résoudre les problèmes qu’il trouve difficiles. Les élèves ayant des TA trouveront très utile d’avoir autant de façons différentes d’aborder les problèmes, car cela leur permet de découvrir ce qui fonctionne le mieux dans leur cas. Vous trouverez peut-être ce qui fonctionne le mieux pour vous également!
Cliquez ici pour lire l’article intitulé Les mathématiques et la mentalité de croissance.
Se concentrer sur les notions de base
Vous ne comprenez pas le théorème de Pythagore? Vous avez oublié comment procéder pour équilibrer une équation d’algèbre? Ne vous inquiétez pas. Un des plus grands défis que les enseignantes et enseignants doivent surmonter aux niveaux intermédiaire et supérieur, c’est le fait qu’un nombre important d’élèves ont encore du mal à additionner, à soustraire, à multiplier et à diviser. Cela ne signifie pas nécessairement que les élèves sont incapables de résoudre ces problèmes, mais ils mettent beaucoup de temps à y parvenir. En ce qui concerne les élèves qui ont des TA ou ceux qui ne maîtrisent pas encore leurs faits numériques, sachez qu’il est normal de leur donner du temps pour résoudre les problèmes et de s’exercer à acquérir ces compétences de base. Il n’est pas nécessaire d’obliger votre enfant à mémoriser les tables de multiplication. Mieux vaut lui permettre d’utiliser des ressources matérielles, par exemple, de petits tableaux de poche comme un tableau de nombres ou un tableau résumant les règles de multiplication que votre enfant peut consulter – j’éviterais le recours excessif à une calculatrice, car cela renforcera la capacité de faire des estimations au fil du temps). À mesure que votre enfant s’exerce à multiplier, il peut cocher les faits numériques qu’il maîtrise. En plaçant les tables de multiplication devant votre enfant et en l’encourageant à les consulter, vous faciliterez sa compréhension des faits numériques.
Gardez les choses simples, et concentrez-vous sur les notions de base. Il n’y a rien de mal à repasser ces opérations fondamentales maintes et maintes fois, de différentes façons (jeux, défis, etc.). Il n’est pas nécessaire d’utiliser une fiche d’exercices; vous pouvez afficher des questions sur votre frigo tous les jours afin que votre enfant y réponde lorsqu’il se prendra quelque chose à boire ou à manger, etc.
Cliquez ici pour lire l’article intitulé La résolution de problèmes avec l’heuristique mathématique.
Les mathématiques, ce n’est pas uniquement pour la salle de classe
Intégrez les mathématiques dans vos activités quotidiennes avec vos enfants. Par exemple, si votre enfant étudie au niveau primaire, demandez-lui de compter les raisins que vous lui avez servis dans un bol, puis demandez-lui d’en manger un certain nombre pour ensuite calculer la différence. Si votre enfant étudie au niveau intermédiaire, demandez-lui d’additionner les achats figurant sur votre reçu d’épicerie et de vous dire combien d’argent vous avez dépensé toutes taxes comprises. Si vous faites des rénovations à la maison, demandez à votre enfant de vous aider à prendre des mesures et à faire des calculs. Plus le niveau scolaire est élevé, plus les concepts abstraits sont complexes. En trouvant des moyens concrets d’illustrer ces concepts (quelque chose que votre enfant peut voir ou manipuler), vous l’aiderez à voir leur application dans la vie de tous les jours. Si votre enfant est plus âgé, vous pourriez créer une unité entière sur la représentation graphique et le calcul des pourcentages de la propagation du coronavirus et de la hausse de ces pourcentages (non pas pour l’effrayer, mais bien pour lui enseigner l’importance de prêter attention aux statistiques). Pour apprendre, votre enfant n’a pas besoin d’être assis à un pupitre devant des fiches d’exercices et des manuels scolaires. Le curriculum des mathématiques de tous les niveaux scolaires prévoit, dans ses contenus d’apprentissage, l’utilisation de concepts dans des situations authentiques, alors profitez de chaque occasion qui se présente (vous aussi pourriez trouver la leçon agréable)!
Activités supplémentaires :
Niveau primaire
- Plus ou moins – Remplissez un bocal d’objets différents toutes les semaines (pièces de monnaie, blocs Lego, bonbons), et demandez à votre enfant d’estimer le nombre d’objets dans le bocal et de vous dire si celui-ci en contient plus ou moins que la semaine précédente.
- Tri – Demandez à votre enfant de trier ses jouets (les blocs Lego et Duplo se prêtent bien à cette activité!) ou la lessive en différentes catégories. Demandez-lui de vous expliquer comment il a déterminé les catégories et combien d’objets se trouvent dans chacune d’elles.
Niveau intermédiaire
- Demandez à votre enfant de mesurer la superficie et le volume de surfaces et d’objets dans votre maison. Il pourrait même vous aider à réaliser un projet de rénovation intérieure!
- Demandez à votre enfant de bâtir une ville à l’aide de formes et de concepts géométriques. Vous trouverez des modèles gratuits imprimables ici.
Cliquez ici pour lire l’article intitulé La représentation visuelle en mathématiques.
Les mathématiques constituent un langage. Comme pour toutes les langues, ce langage se renforce par la conversation. Le fait de parler des mathématiques peut aider les enfants à comprendre la discussion, l’explication et le raisonnement. Il s’agit de poser des questions telles que « Pourquoi penses-tu cela? » ou « Comment pourrait-on résoudre ce problème? ». Les conversations de ce genre peuvent aider les élèves à améliorer leur raisonnement et leur logique. Les bavardages mathématiques permettent aux élèves de se concentrer sur la solution d’un problème donné et de discuter de la plausibilité de cette solution. Bref, les bavardages mathématiques consistent à cerner différents raisonnements et stratégies, à trouver des solutions et à évaluer leur plausibilité. Ce qui rend le bavardage mathématique intéressant, c’est qu’il peut survenir naturellement et qu’il constitue un excellent moyen de favoriser l’apprentissage des mathématiques, surtout en vous aidant à constater comment votre enfant décode un problème, le résout et justifie sa solution. Voici un exemple de bavardage sur une estimation appropriée : « Combien y a-t-il d’arachides dans ce bocal? Quelle stratégie pourrions-nous employer pour obtenir une réponse plausible? »
Les bavardages mathématiques peuvent aussi révéler pourquoi un enfant a fait des erreurs en mathématiques. La plupart des élèves essaient d’éviter les erreurs à tout prix, et il en est de même pour les élèves ayant des TA en mathématiques. Dès qu’ils commettent une erreur, ils s’empressent de l’effacer et d’écrire la bonne réponse. Trop souvent, cependant, ils ne prennent pas le temps de comprendre pourquoi leur réponse était différente. Et, parfois, leur réponse est correcte, mais différente! Les parents peuvent utiliser les erreurs que commettent leurs enfants pour faire ressortir les concepts mal compris et les processus inadéquats.
Exemples d’amorce de bavardage mathématique
- Nombre cible : Demandez à votre enfant d’atteindre un nombre cible à l’aide des autres chiffres ou nombres qui lui sont fournis :
Exemple : La cible est 10. Comment pouvons-nous l’atteindre avec les nombres 2, 3, 4, 5, 7, 8, 12 et 15? - Représente-le : Donnez un chiffre ou un nombre à votre enfant et demandez-lui de combien de façons différentes il peut le représenter.
Exemple : Le nombre 12 peut être représenté par 10 + 2, (5 x 2) + 2, 6 x 2, etc. - Égal à : Donnez une équation à votre enfant et demandez-lui de trouver une équation qui donne la même réponse.
Exemple : L’équation 5 + 2 donnerait la même réponse que 3 + 4, 6 + 1, 10 - 3, etc.
Comme je l’indiquais plus haut, les mathématiques constituent un langage – alors ne vous attendez pas à ce que votre enfant le parle couramment tout de suite. Enrichissez son vocabulaire en lui enseignant préalablement des mots clés, et utilisez vous-même ces mots au quotidien. Mes élèves ont tellement l’habitude de m’entendre leur poser constamment les questions suivantes : « As-tu revérifié ta solution? Te semble-t-elle plausible? », qu’ils se les posent maintenant entre eux avant que j’aie l’occasion de le faire. Enrichissez petit à petit le vocabulaire de votre enfant à l’aide d’un « dictionnaire » des maths, soit des listes des mots clés qu’il apprend et qui peuvent lui servir de référence. Encore une fois, ce dictionnaire peut avoir un format de poche ou être de plus grandes dimensions. Si je devais traduire de l’anglais vers le français, je pourrais avoir besoin de consulter mon dictionnaire et mon Bescherelle, car je manque de connaissances dans cette langue. Il n’est donc que juste qu’un élève qui a des difficultés en mathématiques ait le droit de consulter son dictionnaire! Vous pouvez aider votre enfant en lui fournissant un glossaire de termes auquel il peut se reporter, comme celui qui est offert gratuitement ici, ou encore, vous pourriez créer votre propre glossaire ensemble!
Prendre du recul
Je travaille quotidiennement auprès d’élèves qui en sont à différentes étapes dans leur apprentissage des mathématiques. Même si j’enseigne au niveau intermédiaire, en réalité, sur le plan scolaire, mes élèves se situent entre la 4e et la 9e année. Dans le cadre du continuum des concepts mathématiques, nous devons déterminer le niveau d’habileté existant de l’élève et le comparer au niveau auquel il devrait se situer dans son développement. Par exemple, est-ce que l’élève compte encore sur ses doigts, sait compter par bonds ou peut se rappeler automatiquement l’information requise? Pour aider les élèves à progresser, il faut améliorer petit à petit les compétences de ceux qui accusent du retard sur le continuum.
En tant que parents, toutefois, nous cherchons parfois à faire apprendre et comprendre les mathématiques à notre enfant au même rythme que ses pairs. Pour dire la vérité, certains concepts et stratégies peuvent être faciles pour vous, mais compliqués pour nos enfants, surtout s’ils ont des TA. Essayez de prendre du recul par rapport au niveau où votre enfant devrait se situer, et enseignez-lui de nouveau les concepts au niveau auquel il se situe vraiment! Les enfants qui ont des TA ont souvent besoin de revoir des concepts déjà appris pour pouvoir en acquérir progressivement de nouveaux. Allez-y lentement, et tirez fierté de ses réalisations (petites et grandes).
Par ailleurs, ne vous concentrez pas uniquement sur le fait que la réponse est bonne ou mauvaise. J’accorde des points non seulement pour la bonne réponse, mais aussi pour le procédé et le raisonnement. Une mauvaise réponse constitue un excellent moyen de mettre à l’épreuve la capacité de raisonnement et de résolution de problèmes de votre enfant. Voyez s’il est en mesure de déceler l’erreur. Si c’est une erreur de calcul, cela ne signifie pas qu’il n’a pas compris le concept. S’il s’agit d’une erreur conceptuelle, cela lui donne alors l’occasion de revoir ses stratégies, étape par étape.
La technologie est votre alliée
Profitez au maximum de toutes les ressources offertes en ligne. Pour les enfants de 6e année ou d’un niveau inférieur, il existe de nombreux sites interactifs tels que Prodigy, Math Playground ou StudyLadder (qui peut être utilisé pour plusieurs matières). Pour les élèves plus âgés, il y a des sites tels que CK-12 et Khan Academy. Pour n’importe quel niveau scolaire, il existe de nombreux sites Web qui proposent des fiches d’exercices (cherchez « Math worksheets » ou « fiches d’exercices de mathématiques » ou « fiches d’exercices de maths », et vous verrez ce que je veux dire – certains sites sont gratuits et d’autres requièrent une adhésion). Il existe aussi de nombreux sites et des vidéos sur YouTube qui peuvent vous aider à enseigner un concept (remarquez le mot « aider »). Même les casse-tête KenKen ou Sudoku que l’on retrouve en ligne peuvent aider à acquérir des compétences en numératie. N’hésitez pas à avoir recours à la technologie pour vous aider à enseigner.
Cliquez ici pour lire l’article intitulé Technologie en mathématiques.
Conclusion
Les mathématiques sont amusantes et emballantes (pour moi en tout cas)! Faites en sorte qu’il en soit de même pour vous et pour votre enfant. Si vous n’aimez pas les maths, votre enfant aura aussi de la difficulté à les aimer. Détendez l’atmosphère, et faites la part des choses. L’incertitude des prochaines semaines et des prochains mois aura une incidence négative sur chacun d’entre nous. Je vous encourage à vous arrêter pour sentir les roses, compter leurs pétales, calculer leur superficie, les représenter sur un graphique, etc. Bon, j’exagère, mais ce serait tout de même une bonne idée de vous arrêter pour les sentir avec vos enfants.
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