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Par Nathalie Paquet-Bélanger, spécialiste en troubles d’apprentissage, TA@l’école

Pour comprendre un texte, il faut « tout d’abord identifier les mots de façon exacte et automatique, en plus de bâtir le sens global du texte grâce à des habiletés langagières et métacognitives » (Stanké, 2016, p. 18). Au cycle intermédiaire, les textes littéraires et, en particulier les romans, comportent plus de défis, notamment par une plus grande emphase sur les inférences. Il importe que le lecteur reste alerte aux pertes de compréhension.

Combien de fois avez-vous entendu un élève s’exclamer pendant sa lecture : « C’est qui, lui ? ». Lorsque les pertes de compréhension liées aux personnages ne sont pas remédiées à temps, le lecteur en difficulté abandonne sa lecture « parce qu’il y a trop de personnages » et qu’il « ne comprend plus rien ».

Les élèves ayant des troubles d’apprentissage (TA) sont susceptibles d’éprouver ce type de difficulté. En effet, l’apprentissage des habiletés nécessaires à l’identification des mots a requis plus de temps et d’énergie que pour les normolecteurs ; ils ont alors « raté » certains enseignements liés à la lecture, notamment ceux relatifs aux processus d’intégration, permettant de faire de liens entre les phrases. Par conséquent, il s’avère primordial de leur offrir du rattrapage à ce niveau.

Séquence d’enseignement proposée

Voici une petite séquence d’enseignement pour aider les élèves aux prises avec des difficultés au niveau des processus d’intégration, plus précisément avec la reprise d’informations. Sa finalité vise à ce que l’élève s’approprie l’organisateur graphique afin de produire un réseau des personnages du récit.

Cette démarche s’est avérée efficace dans la pratique pour soutenir la compréhension des élèves ayant des TA et les encourager à poursuivre la lecture de textes littéraires.

Étape 1 : Enseignement explicite des différents procédés pour reprendre l’information

Afin d’éviter les répétitions et de créer un univers littéraire riche, les auteurs de roman jeunesse utilisent différents procédés pour désigner leurs personnages. Deux procédés de reprise sont prisés dans les textes littéraires concernant les personnages, soit par un pronom (il, elle) ou par un groupe du nom (synonyme, terme générique, périphrase ou un surnom). La compréhension de ces procédés demeure un préalable à la création d’un réseau de personnages.

Après avoir fait un modelage devant les élèves des deux procédés, le professionnel de l’enseignement peut proposer des exercices dans de courts textes où les élèves doivent repérer l’antécédent ou le nom repris par différents procédés et l’inscrire dans le texte.  Lorsque que cette pratique guidée est réussie, une tâche plus complexe peut leur être proposée : modifier le sexe des personnages d’une histoire en changeant tous les pronoms, groupes du nom et les accords requis.

Cliquer ici afin d’accéder à la théorie et des exercices sur la reprise d’information sur le site d’Allo Prof.

Cliquer ici afin d’accéder à un tableau synthèse des procédés de reprise de l’information sur la page web du CFORP.

Étape 2 : Modelage de la réalisation d’un réseau de personnages d’un texte littéraire

Lorsque les procédés de reprise sont maitrisés, le professionnel de l’enseignement incite les élèves à clarifier les liens entre les personnages. En premier lieu, ces liens peuvent être simples : la soeur de..., la voisine de, le conjoint de, etc. Ils sont illustrés dans un réseau de concepts comme dans l’exemple ci-dessous.

Exemple 1 (réalisé papier-crayon)

Réseau de personnages Exemple 1

Au fur et à mesure que le récit progresse, on ajoute des bulles ou des relations.  Le professionnel de l’enseignement peut également soutenir le modelage de la démarche avec le document d’accompagnement « Se construire un réseau de personnages ».

Image du document Se construire un réseau de personnages

Cliquer ici afin d’accéder au document Se construire un réseau de personnages.

Dans un deuxième temps, le professionnel de l’enseignement incite l’élève à intégrer dans son réseau de personnages des éléments liés au schéma narratif (personnage principal, secondaire) et au schéma actanciel (adjuvants, opposants, etc.).

Une pratique élémentaire consiste à créer un code de couleur ou à jumeler la forme de la bulle à un type de personnages.

Exemple 2 (réalisé avec le logiciel XMind)

Réseau de personnages Exemple 2

Étape 3 : Pratique autonome

Finalement, le professionnel de l’enseignement rappelle à l’élève d’employer cette stratégie pendant une tâche authentique. Le réseau de personnages développé par l’élève, en plus d’améliorer sa compréhension, peut servir de soutien lorsque ce dernier est interrogé sur sa lecture.

Voici des exemples de questions liées aux personnages qu’un adulte peut poser pendant et après la lecture :

  • Quels sont les personnages les plus importants dans cette histoire?
  • Est-ce qu’il y a des personnages méchants, des opposants?
  • Quel personnage te ressemble le plus? Pourquoi?
  • Selon toi, que va-t-il arriver à ce personnage dans la suite du récit?
  • Quels sont les liens entre ces personnages?
  • Crois-tu que la famille (ou l’amitié/l’amour) est une valeur importante pour ce personnage? Pourquoi?
  • Comment décrirais-tu ce personnage? Quels sont ses traits physiques ou psychologiques les plus importants?

Choix d’un organisateur graphique traditionnel ou technologique

Un réseau de concepts se dessine rapidement sur une feuille de papier ; celle-ci peut même servir comme signet à l’intérieur du roman (il est important que l’élève l’ait sous la main pendant sa lecture).

D’un autre côté, plusieurs logiciels et applications permettent de créer des organisateurs graphiques (XMind, Inspiration, Popplet, etc.). Leurs principaux avantages consistent à susciter la motivation, en particulier chez les garçons, par l’attrait de la technologie et de permettre de restructurer facilement, sans effacer, les liens et les bulles des personnages au fur et à mesure que la lecture avance.

Toutefois, si la technologie est privilégiée, il est primordial de s’assurer que l’élève y ait facilement accès durant sa lecture.

Pourquoi s’arrêter?

Cet article propose un emploi des organisateurs graphiques pendant la lecture de textes littéraires. Néanmoins, le professionnel de l’enseignement a tout à gagner à s’approprier cet outil polyvalent.

En effet, les recherches démontrent des impacts positifs lorsqu’il est utilisé, notamment, pour enseigner les structures des textes.

Ressources pertinentes sur le site Web de TA@l’école

Cliquer ici afin d’accéder à l’article Comment les technologies peuvent aider les élèves ayant des troubles d’apprentissage en lecture et en écriture.

Cliquer ici afin d’accéder à l’article Les organisateurs graphiques.

Cliquer ici afin d’accéder à l’article L’enjeu oublié : l’enseignement de la lecture stratégique au secondaire et les élèves ayant des TA.

 Cliquer ici afin d’accéder à l’article Les cercles de lecture.

Ressources supplémentaires

 Cliquer ici afin d’accéder à un guide pour aider les garçons en littératie Moi, lire ? Tu blagues !.

 Cliquer ici afin d’accéder à une trousse d’intervention Pour un enseignement efficace de la lecture et de l’écriture.

 Cliquer ici afin pour des exercices décontextualisés dans le matériel reproductible Lire entre les lignes.

Bibliographie

STANKÉ Brigitte, 2016, Les Dyslexies-dysorthographies, Presses de l’Université du Québec, 256 pages.