Réponse fournie par Lawrence Barns, président-directeur général, Association ontarienne des troubles d’apprentissage
Au dernier colloque des professionnels de l’enseignement, Todd Cunningham, Ph. D., et son équipe, de l’Université de Toronto/OISE ont prévenu les enseignantes et enseignants que les élèves ayant des TA, en particulier, pourraient avoir de la difficulté à s’adapter aux modifications apportées en milieu scolaire en raison de la COVID-19. Monsieur Cunningham a comparé la mémoire de travail à un pupitre dans le cerveau qui contient tous les éléments d’information que l’on peut traiter en même temps. La taille du « pupitre » varie d’une personne à une autre, de sorte que les élèves ne recueillent pas tous la même quantité d’information avant que leur « pupitre » manque d’espace. Comparativement à leurs pairs, les élèves ayant des TA ont souvent un « pupitre », ou mémoire de travail, d’une capacité moindre.
En tant que parent, vous vous interrogez peut-être sur le lien entre cette analogie et la préparation de votre enfant à la rentrée scolaire. En fait, il est primordial de comprendre ce principe et de savoir comment aider votre enfant à désencombrer son « pupitre » pour pouvoir se concentrer sur l’apprentissage. Cela aura un effet direct sur la façon dont votre enfant vivra son retour à l’école en septembre.
Regardons ensemble ce qui pourrait s’accumuler dans ce « pupitre », laissant peu de place pour l’apprentissage :
- Nouvelles routines – Il peut s’agir d’un nouveau trajet à pied ou en autobus, du port du masque, de la routine du midi ou d’un horaire plus strict que celui auquel l’enfant s’est habitué durant l’apprentissage à la maison, ou encore, d’une nouvelle école, d’un nouvel enseignant et de nouveaux camarades de classe.
- Sensibilité à l’anxiété du parent – Rien n’échappe aux enfants, vous le savez déjà. Quels messages vos enfants reçoivent-ils de vous?
- Leurs propres pensées et peurs – Vous n’êtes pas la seule source d’information de votre enfant et vous ne savez pas toujours comment il ou elle interprète les nouvelles informations. Mais surtout, l’enfant qui ressent votre anxiété peut refouler ses propres inquiétudes et les intérioriser.
- Évolution constante des responsabilités et des attentes – Le début d’un nouveau semestre s’accompagne toujours d’une période d’adaptation et les défis changent au cours des premières semaines. Il est bon de vérifier régulièrement si le « pupitre » de votre enfant recommence à devenir encombré.
Que pouvez-vous faire, alors, pour aider votre enfant autant que possible au premier jour de la rentrée et continuer à l’appuyer par la suite?
- Déterminez quelles routines peuvent être mises en place en prévision de la première journée d’école.Par exemple, exercez-vous à mettre, à porter et à enlever le masque, ou faites le trajet à pied jusqu’à l’école quelques fois avec votre enfant en début d’année pour l’habituer. Vous pourriez aussi répéter le réveil et la routine du matin quelques fois avant la rentrée scolaire. Les enfants ressentent moins d’anxiété face à la première journée d’école lorsqu’ils savent à quoi s’attendre.
- Confrontez vos propres peurs en lien avec le retour de votre enfant à l’école.Ceci vous aidera à voir les messages que vous transmettez à vos enfants, consciemment ou non. Si vous renvoyez votre enfant à l’école, quels sont les avantages et quels facteurs ont influencé votre décision? Parlez ouvertement (dans un langage adapté à l’âge de l’enfant) et gardez votre enfant au courant.
- Questionnez votre enfant au sujet de ses inquiétudes, autant celles propres à la rentrée scolaire que celles liées spécifiquement à la COVID-19.Faites-lui savoir qu’il ou elle peut toujours vous parler de ce qui l’habite et que vous serez toujours là pour l’aider.
- Créez une boucle de rétroaction avec votre enfant.Tout parent qui a déjà posé la question « Comment a été ta journée? » sait qu’on obtient très peu d’information en retour. Mais si vous renoncez à la première boutade, la boucle se défait. Vous n’avez pas reçu de véritable rétroaction, alors essayez de nouveau. Réservez du temps pour échanger avec votre enfant. Ce peut être durant la fin de semaine, lors d’une promenade à pied ou durant le trajet en voiture vers une activité. Faites un retour sur la semaine précédente et voyez comment l’enfant l’a vécue, si elle ou il se sent accablé, et discutez de solutions pour gérer ses soucis.
- Communiquez avec les enseignantes et enseignants de votre enfant. Même si vous avez avec votre enfant de nombreuses discussions qu’il n’est pas nécessaire de transmettre à l’école, il arrive qu’une difficulté requière une intervention d’équipe. Le personnel enseignant est tout aussi motivé que vous à aider votre enfant à s’adapter, et un message uniforme sera des plus profitables pour l’enfant tandis que les parents et les enseignants travaillent ensemble à calmer ses inquiétudes.
Enfin, pour le bien de vos enfants et votre propre bien, adoptez une attitude bienveillante et compréhensive. Nous avons tous vu notre monde se transformer, et le personnel enseignant doit composer avec cette réalité tout autant que vos enfants. Il en est de même pour les chauffeurs d’autobus, le personnel administratif de l’école et même les brigadiers. Tout le monde fera des erreurs de temps à autre, même vous. Vous pouvez aider votre enfant en veillant à ne pas blâmer, juger ou vous mettre en colère trop rapidement. Adoptez plutôt une attitude empathique et compréhensive, et inspirez profondément avant de répondre. Votre enfant vous observe et suivra votre exemple.
Et lorsque les choses ne vont pas exactement comme vous l’aviez prévu, n’oubliez pas d’être indulgent envers vous-même!
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