Comment les choses se sont-elles passées lorsqu’Abigail a reçu pour la première fois un diagnostic de troubles d’apprentissage?
ABIGAIL : J’ai su que j’étais dyslexique à la fin de la troisième année. En première et deuxième je me sentais différente des autres dans ma classe. Je ne comprenais pas le pourquoi. Une fois qu’on m’a dit que j’étais dyslexique et qu’on m’a expliqué ce que c’était, je me sentais contente car on a pu mieux m’aider!
MÈRE : Ce fut une expérience très émouvante. Mon mari est anglophone, donc ses difficultés en lecture n’étaient pas aussi claires pour lui. Lorsque je faisais des devoirs avec ma fille en première et deuxième année, c’était très frustrant car ça lui prenait une éternité à lire. On faisait tellement de pratique en lecture mais c’était tellement pénible. Au début, on voulait croire qu’il n’y avait rien de mal. Avec le temps, on a réalisé qu’elle avait besoin de l’aide et on ne pouvait pas l’aider sans savoir ce qui était le « problème ». On se sentait vraiment impuissant. On a fait examiner ses yeux à 3 reprises, on l’a inscrit à un camp d’été de lecture avant qu’elle avait débuté la troisième année, on a payé une gardienne pour les 3 plus jeunes pour que je puisse apporter Abby à la bibliothèque pour faire de la lecture et, avec tout ça, on ne voyait pas de progrès. Finalement, avec l’aide de son enseignante en troisième année, on a payé pour la faire évaluer. C’est là qu’on a su qu’elle était dyslexique. Le diagnostic était une chose clé car les adultes ont pu mettre des stratégies en place pour aider à Abby. On a dépensé beaucoup d’argent mais c’était de l’argent bien dépensé car on a pu aider à notre fille. Elle aime encore l’école et c’est ça l’important!
ENSEIGNANTE : Lorsque j’ai rencontré Abby, il y a 2 ans, elle était une enfant triste qui ne souriait pas. J’expliquais souvent aux élèves que nous sommes souvent fort dans une matière et parfois pas si fort dans une autre. Que nous apprenons tous de façon différente et que ceci fait de nous des enfants uniques. On a tous des forces et des défis à surmonter. Abby s’est tout de suite sentie confortable. Elle est venue me voir et m’a raconté certaines de ses difficultés. Ensemble, l’équipe-école et les parents, nous avons fait un plan d’intervention afin d’aider Abby dans son parcours d’apprenante. Les stratégies lui ont permis d’améliorer son rendement académique. Entre le centre de soutien, la salle de classe et la maison, Abby a maintenant les stratégies, les ressources et le soutien qui lui faut pour réussir. Abby rayonne d’une confiance en soi qui est très valorisante et inspirante!
Quels sont les points forts d’Abigail?
ABIGAIL : J’aime travailler avec mes mains, jouer avec des blocs Lego et les jeux K’NEX car je peux bâtir des édifices et paysages. J’aime planter des graines et faire pousser des plantes. J’aime faire la cuisson beaucoup et les animaux. J’aime faire la garde du dîner à l’école car je prends bien soin des plus petits. J’aime mes cours de natation, de danse et de gymnastique. J’aime aller au chalet, attraper des grenouilles, faire de la pêche, du kayak, du pédalo, aller en tube et cueillir des bleuets. Mes classes préférées à l’école sont les mathématiques et les sciences.
MÈRE : Abby est très créative. Elle prend bien soin de son petit frère et ses 2 petites sœurs. Elle est très kinesthésique. Aussitôt que j’ai de la difficulté à assembler un produit acheté en morceaux, Abigail vient à ma rescousse! Elle aime planter des plantes et prendre soin des animaux. Elle est une fille très intelligente qui comprend des concepts très avancés pour son âge. C’est ça qui me faisait le plus de peine lorsqu’elle était en deuxième année. Elle avait toutes les connaissances requises mais n’avait aucun moyen de les montrer à son enseignante! Elle adore aller au chalet et passer du temps en famille. Elle est toujours prête à aider les autres.
ENSEIGNANTE : Abby est une élève très heureuse et bien dans sa peau. Elle est toujours de bonne humeur, très serviable et toujours prête à vouloir participer dans son apprentissage. Abby comprend tout ce qui lui est dit, elle surmonte ses défis en lecture et orthographe avec les stratégies et les technologies d’aide qui sont à sa disposition. Elle est très persistante.
Quels sont les besoins d’Abigail?
ABIGAIL : J’ai beaucoup de difficulté à lire et écrire en français et en anglais. La partie de mon cerveau qui est censée se souvenir comment épeler un mot est brisée. J’ai beaucoup de connaissances que je peux dire mais je ne peux pas les écrire. J’ai un ordinateur avec Word Q qui m’aide et j’ai le droit à un scripteur lors d’évaluations pour que je puisse prouver que je connais vraiment la bonne réponse. Je fais aussi le programme d’enseignement multi-sensoriel au centre de soutien.
ENSEIGNANTE : Abby connaît très bien ce qu’elle a besoin de faire pour réussir. Les adaptations lui donnent la chance de démontrer ses forces académiques dans ses savoirs, son savoir-être et son savoir-faire. Ses outils sont indispensables pour sa réussite. Ceci comprend les logiciels Kurzweil, Word Q, Inspiration ainsi que du temps de surplus pour accomplir ses tâches et un endroit calme où elle peut faire son travail.
Quelles stratégies as-tu apprises pour t’aider à réussir à l’école? De quelle manière les éducatrices et éducateurs dans ton école t’ont-ils aidé à apprendre ces stratégies?
ABIGAIL : Mon ordinateur est très important car je peux taper des réponses. Je sais comment démarrer mon ordinateur, ouvrir Word Q/Kurzweil ensuite Word. Je sais comment taper des réponses et sauvegarder mon travail sur ma clé USB. Je sais comment retrouver mon travail sur ma clé. Je sais comment aller à l’internet et j’aime Google car lorsque j’écris le début d’un mot, le reste du mot apparaît et je peux cliquer dessus.
J’ai appris plusieurs stratégies de lecture comme anticiper, prendre des notes, repérer, etc. Je suis très auditive donc je me souviens très bien des mots clés qui peuvent m’aider à bien répondre aux questions.
J’aime aussi mon programme d’enseignement multi-sensoriel que je fais au centre de soutien car ça m’aide à mieux comprendre des mots et pourquoi ils sont épelés comme ça.
Quel impact le fait d’avoir un membre de la famille ayant des troubles d’apprentissage a-t-il sur votre vie?
MÈRE : Au début, chaque parent veut croire que son enfant fait partie de la « norme ». Faire partie de la « norme » assure que l’enfant pourra réussir tout comme les autres : facilement. C’est difficile d’admettre que son enfant a un trouble d’apprentissage surtout lorsqu’il est invisible! Je dirais que le plus tôt qu’un diagnostic est fait, le meilleur que c’est pour l’enfant. C’est facile d’haïr l’école à cause d’un trouble d’apprentissage! Si on peut aider à l’élève dans son cheminement scolaire, il ou elle aura certainement plus de chances à poursuivre une éducation postsecondaire. Ces enfants ont une personnalité forte et résiliente car, chaque jour à l’école, ils font face aux émotions de peur, d’incertitude, d’anxiété, de tristesse, de doute et leur estime de soi est constamment en état fragile. Les aimer et les accepter comme ils sont tout en les aidant à développer leurs forces est la réponse à « comment les aider? ».
Que devraient savoir les professionnels de l’enseignement?
ABIGAIL : C’est important de bien se connaître et de s’aider. Par exemple, en sciences, mon enseignant est partie car elle a eu un bébé donc, même si c’était très difficile, j’ai resté après la classe avec la nouvelle enseignante pour lui dire que j’étais dyslexique. Elle était gentille et elle a pu m’aider car elle savait que j’avais beaucoup de difficultés en lecture et en écriture. Elle a fini d’écrire mes réponses si je manquais de temps pour que je puisse bien étudier pour le sommatif. J’avais un scripteur pour le sommatif pour démontrer que la bonne réponse était dans ma tête!
MÈRE : La chose la plus importante serait d’avoir l’esprit ouvert et de ne jamais faire mal à l’esprit d’un élève qui a des troubles d’apprentissage. Peut-être qu’il ou elle ne peut pas bien lire ou écrire mais il ou elle peut assembler un gros projet Lego en une heure, une chose impossible pour plusieurs enseignant(e)s! Être voulant(e) de respecter les stratégies qui sont dans le PEI (plan d’enseignement individualisé) est aussi important. Pas juste le faire parce qu’il faut. La volonté d’aimer et d’accepter chaque élève comme il ou elle est, est très important. Travailler avec l’élève comme il ou elle est et ne pas essayer de changer l’élève.
ENSEIGNANTE : En tant qu’enseignante ou enseignant il ne faut pas avoir peur. Souvent lorsque l’on parle d’élève en difficulté ceci apporte une certaine insécurité chez les enseignants. Il est important de prendre des risques, de créer un environnement d’apprentissage sécurisant, d’accepter nos élèves avec leurs forces et leurs défis, créer une communauté de respect des différences pour s’assurer de rejoindre tous nos élèves. Et de savoir que l’on fait partie d’une équipe-école, qu’il y a des services au niveau du Conseil qui peuvent nous appuyer et nous guider afin d’assurer la réussite de tous nos élèves.
Pouvez-vous nommer des succès vécu ou des obstacles surmontés?
ABIGAIL : En première année et en deuxième année, je faisais mes devoirs avec ma maman et c’était très frustrant car elle ne comprenait pas pourquoi ça me prenait tellement de temps à lire. Elle me disait d’essayer plus fort et une fois j’ai manqué mon cours de natation car elle voulait que je pratique plus la lecture. Ceci m’a fait beaucoup de peine car j’aime beaucoup mon cours de natation. Depuis mon diagnostic, mes parents comprennent que j’ai toujours donné mon 100%! Ma mère m’a acheté un collier spécial que je tien dans ma main lorsque je ressens de l’anxiété à l’école. La lecture et l’écriture me font sentir comme si ma gorge est en train de se fermer, donc je tiens mon collier, je reprends mon souffle, j’utilise les stratégies et je continue à donner mon 100%.
ENSEIGNANTE : La beauté d’avoir dans une salle de classe avec une diversité d’élèves me fait grandir en tant qu’enseignante! Abby m’a apporté beaucoup de satisfaction dans mon travail d’enseignante. Elle m’a aidé d’aller plus loin en tant que pédagogue. Le vouloir d’en apprendre sur les TA tel que la dyslexie pour m’assurer de mettre les meilleures démarches pédagogiques en place pour répondre aux besoins d’Abby. J’ai vite appris que les stratégies sont applicables pour tout mon groupe. Le fait d’appendre avec Abby et mes élèves m’apporte beaucoup de satisfaction. Je prends le plaisir de connaître le profil de chacun de mes élèves. Je veux découvrir leurs forces, leurs défis, leurs intérêts pour mieux planifier les apprentissages dans un modèle de différenciation pédagogique qui permettra à tous mes élèves de réussir. Pour moi, il est important que les élèves se sentent bien dans la leur environnement de classe. Je tiens à développer chez tous mes élèves des compétences qui leurs permettront de réussir tout au long de leur parcours d’apprenant tel que l’autonomie, l’organisation, la communication orale, prendre des initiatives et autres. Il est important que les élèves sentent qu’ils font partie d’une communauté et d’une classe respectueuse. Le groupe travaille ensemble pour atteindre leurs objectifs.
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