Par Virginie Abat-Roy, doctorante en éducation à l’Université d’Ottawa (spécialisée en inclusion et accessibilité en lien avec les chiens d’assistance) et enseignante ressource au CEPEO.
À l’ère de l’inclusion scolaire, les enfants à besoins particuliers font partie intégrante de nos salles de classe. Une grande diversité de profils d’apprenants est synonyme d’approches différenciées et de technologie d’aide. Or, chez certains élèves, cette aide prend la forme d’un animal d’assistance. Seuls les enfants ayant un handicap, qu’il soit physique, cognitif ou mental, peuvent en bénéficier. Or, 50 à 90% des enfants ayant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ont un minimum d’une comorbidité, soit une combinaison de diagnostics reliés à un handicap (CADDRA, 2011). Il y a donc de grandes chances que votre élève ayant besoin d’un animal d’assistance ait également un ou plusieurs troubles d’apprentissage.
En septembre 2019, le gouvernement de l’Ontario a apporté une modification à la Loi sur l’éducation afin d’y intégrer les politiques des conseils scolaires sur les animaux d’assistance. La Note Politique/Programme (NPP) no.163 intitulée « Politiques des conseils scolaires sur les animaux d’assistance » est entrée en vigueur l’an dernier pour tous les conseils scolaires de la province. À titre de membre de l’équipe pédagogique, quel est votre rôle si un élève est accompagné de son animal d’assistance à l’école ? Pourquoi avoir besoin d’un tel animal ? Le présent article vise à offrir les outils afin de comprendre l’importance du rôle d’un tel animal dans la vie d’un élève vivant avec un handicap, et ce, à l’aide des recherches sur le sujet.
Je suis enseignante ressource pour les élèves suspendus ou renvoyés du Conseil des Écoles Publiques de l’Est de l’Ontario. Dans le cadre de mes projets de recherche de doctorat, j’ai la chance d’être accompagnée d’un chien d’assistance de la Fondation Mira, appelée Toulouse. Cet article servira à répondre aux questions les plus fréquemment posées par des éducateurs et pédagogues sur le sujet des animaux d’assistance pour les enfants. Ainsi, je vise ainsi une meilleure compréhension de cette nouvelle NPP afin de favoriser l’inclusion du duo bénéficiaire et chien d’assistance. Bonne lecture !
1. Qu’est-ce qu’un animal d’assistance ?
Un animal spécifiquement sélectionné et entrainé pour offrir du soutien à un individu ayant un handicap est appelé un animal d’assistance (MEO, 2019). Généralement, le chien est l’animal le plus souvent retrouvé dans cette fonction, car il est facilement entrainable, a de bonnes compétences sociales et un statut d’animal familier au Canada (Rost et Hartmann, 1994 ; Paul et Serpell, 1996 ; Zasloff, 1996).
Chaque province a ses propres lois pour règlementer les chiens d’assistance sur son territoire. Les critères du MEO pour l’intégration d’un tel animal en milieu scolaire limitent de façon implicite le type d’animal qui peut accompagner un enfant à l’école — nous y reviendrons au numéro 2. J’utiliserai généralement le terme « animal d’assistance » qui sera parfois interchangeable avec le « chien d’assistance ».
2. Que disent les politiques de l’Ontario sur la présence du chien en milieu scolaire ?
Officiellement, les politiques des conseils scolaires sur les animaux d’assistance (NPP no. 163) furent élaborées et mises en œuvre en 2019. On s’attend à ce que tous les conseils scolaires de l’Ontario « permettent aux élèves d’être accompagnés d’un animal d’assistance à l’école, lorsqu’il s’agit d’une mesure d’adaptation appropriée qui répond aux besoins de l’élève en matière d’apprentissage et qui respecterait l’obligation du conseil scolaire d’offrir des mesures d’adaptation aux élèves ayant un handicap en vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario » (MEO, 2019, p.1).
Cette mesure touche toutes les écoles élémentaires et secondaires financées par les fonds publics, et non les services de garde. Elle fut élaborée en rapport avec la « Politique sur l’éducation accessible aux élèves handicapés » de la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) qui prévoit que tout étudiant handicapé a le droit d’être accompagné de son animal d’assistance lorsqu’il s’agit d’une mesure qui répond à ses besoins individuels (COPD, 2018).
Ainsi, chaque conseil doit élaborer sa propre politique et intégrer différentes composantes requises par le MEO (2019). Étant donné la lourdeur administrative de la NPP et les différentes politiques des 72 conseils scolaires de l’Ontario, je vous conseille de vous référer à la politique de votre conseil spécifique. La décision suite à la demande d’accompagnement d’un élève est généralement basée sur une étude exhaustive de nombreux facteurs tels que les forces et les besoins de l’étudiant, ses besoins reliés au handicap, l’entrainement et l’état de santé de l’animal, les documents justificatifs remplis par les professionnels de la santé ainsi que les plans de santé, sécurité et de formation. Les droits et les besoins des élèves évoluant autour du duo sont également pris en considération. Enfin, une preuve d’assurance responsabilité en cas de blessure reliée à la présence de l’animal dans l’école est également requise.
De façon générale, les seuls animaux d’assistance acceptés dans les conseils proviennent d’un organisme accrédité par Assistance Dogs International, International Guide Dog Federation ou d’un entraineur de chiens-guides ou de chiens d’assistance ayant une attestation de conformité relative à la formation Meghan Search and Rescue Standards in Support of Accessibility/Personnes handicapées jumelées avec des chiens d’assistance (MSAR). En date de la publication de cet article, ces organismes ne formaient que des chiens d’assistance. Suite à l’attribution du chien, les organismes et entraineurs reconnus continuent d’offrir les services d’un entraineur afin d’assurer le succès de l’intégration du duo à l’école et restent disponibles en tout temps. Le travail du duo bénéficiaire et chien d’assistance est d’ailleurs réévalué chaque année. De cette façon, le soutien est constant de leur part et les risques de voir un animal mal intégré sont réduits au minimum.
3. D’où viennent ces animaux ?
Dans le cas d’un chien d’assistance provenant d’un organisme reconnu par l’ADI, l’animal vient de leur propre cheptel. Tel est le cas de grandes écoles de chiens d’assistance comme Canadian Guide Dog for the Blinds, National Service Dogs, la Fondation Mira, Autism Dog Services et la Fondation des Lions du Canada Chien-Guides, pour en nommer quelques-unes. En ayant leur propre cheptel, ces organismes contrôlent les marqueurs génétiques de leurs chiens, plus particulièrement au regard de leur santé physique et leur tempérament. Ces canidés devront également passer avec succès de nombreux tests physiques et de tempérament effectué tout au long de la période de socialisation, soit de la naissance à l’âge de 18 mois environ (CNIB, 2019; Fondation Mira; 2020).
4. Pourquoi mon élève a-t-il besoin d’un animal d’assistance ?
Les animaux d’assistance sont désormais entrainés pour répondre aux besoins d’une grande variété d’individus selon son ou ses handicap(s) (Davis, Nattrass, O’Brien, Patronek, & MacCollin, 2004). De là l’importance de travailler avec un organisme reconnu qui saura adapter l’entrainement de l’animal aux besoins de la personne. Dans le cas de votre élève, son handicap relève de son dossier médical qui est confidentiel (AODA, 2014). Il est à noter que certains individus ou leur famille seront à l’aise de partager leur histoire de vie, mais de façon générale, il est inapproprié et illégal de questionner quelqu’un sur son handicap, ce qui constitue de surcroit une microagression (Keller et Galgay, 2010). Grâce au plan d’enseignement individualisé de votre étudiant, vous serez en mesure de connaitre les adaptations et modifications nécessaires pour bien l’accompagner. Ce plan sert également à protéger les droits de l’élève ayant besoin d’un animal d’assistance. De plus, vous aurez accès à l’appui de votre enseignante ressource ainsi que de votre conseil en éducation spécialisée si nécessaire.
Dans la littérature sur le sujet, plusieurs appellations sont utilisées pour identifier l’animal selon ses rôles et tâches à accomplir (Sachs-Ericsson, Hansen et Fitzgerald, 2002; Duncan, 2000). Les termes sont règlementés par Assistance Dogs International, une coalition d’organismes responsables de l’accréditation des écoles de chiens d’assistance au plan international. La plupart des provinces reconnaissent majoritairement les animaux entrainés par des organismes membres de l’ADI[1] ou de l’International Guide Dog Federation.
Voici un classement des différents types de chiens d’assistance, tiré de leur documentation (ADI, 2020). Le plus reconnu est le chien-guide qui a été entrainé pour accompagner une personne vivant avec une cécité, soit une perte de la vision partielle ou complète. Il est généralement équipé d’un solide harnais fait de bandes de cuir ou de toile, et muni d’une grande poignée rigide sur le dessus du dos. Pour sa part, le chien de mobilité travaille avec un individu ayant des besoins au niveau de la mobilité. Par exemple, il peut tirer un fauteuil roulant, ouvrir des portes, ramasser des objets par terre ou même faire un travail de contrebalance. Le chien d’alerte médicale est entrainé pour avertir un changement dans l’état de santé d’une personne, telle une hausse ou baisse de sucre chez un diabétique ou une crise de convulsions chez une personne épileptique. Le chien d’assistance TSA est quant à lui destiné aux enfants autistes afin de les aider à diminuer leur niveau de stress, d’anxiété et augmenter leur autonomie à long terme. Enfin, il existe des chiens d’assistance en santé mentale. Leur entrainement varie selon le diagnostic et les besoins de la clientèle. Notons que ces animaux peuvent jouer divers rôles comme fournir des services de soutien sur les plans sensoriel, médical, moteur, thérapeutique et affectif.
5. Est-ce que les animaux de soutien émotionnel sont reconnus à l’école ?
Les animaux de soutien émotionnel (ASÉ) sont des animaux de compagnie qui accompagnent leur maitre afin de leur offrir un soutien émotionnel. Ils ne proviennent pas d’écoles de chiens d’assistance et ne sont pas entrainés spécifiquement pour cette tâche. En d’autres mots : n’importe quel animal peut être un ASÉ. Aux États-Unis, ils sont parfois reconnus au niveau de la loi et ont accès à certains lieux publics. Au Canada, toutefois, les ASÉ ne sont pas reconnus. Il faut faire attention à ne pas confondre les documents et les lois des deux pays.
Notons que le soutien émotionnel peut faire partie des tâches d’un animal d’assistance sans pour autant limiter ce dernier à ce rôle. Comment faire la différence à l’école ? Demandez si l’animal a été entrainé par un organisme reconnu et si cet entrainement permet à l’enfant de pallier son handicap. Puisque les ASÉ n’ont pas été sélectionnés ni entrainés spécifiquement pour pallier un handicap, ils peuvent être inconfortables en public. Dans le cas d’une situation stressante, ils peuvent même avoir un comportement dangereux, telle l’agression. Ainsi, leur présence dans un lieu public peut devenir un danger pour les vrais animaux d’assistance.
En résumé :
Animal d’assistance | Animal de soutien émotionnel | |
Reconnu dans les provinces du Canada | Oui | Non |
Accès aux lieux publics selon la loi ontarienne (AODA) | Oui | Non |
Entrainé par un organisme / a accès aux écoles de l’Ontario | Oui | Non |
Apporte un soutien émotionnel à l’individu | Parfois le cas selon le handicap | Oui |
6. Quels sont les bénéfices associés à la présence de l’animal d’assistance à l’école ?
De nombreuses recherches se sont intéressées aux effets positifs des animaux d’assistance en milieu scolaire, particulièrement dans le cas du chien. À la base, l’objectif du partenariat avec un chien d’assistance vise l’augmentation de l’autonomie d’une personne vivant avec un handicap. Par exemple, un animal d’assistance à la mobilité permettra à l’élève de ramasser des objets tombés par terre ou encore d’ouvrir une porte. Un chien-guide mènera de façon la plus sécuritaire et efficace possible l’élève à ses cours ou à la sortie la plus proche.
Outre le travail physique effectué par l’animal, un chien d’assistance peut apporter des bienfaits physiologiques chez son bénéficiaire et les personnes qui les entourent. En effet, des études ont déterminé qu’en présence d’un chien, le taux de cortisol dans la salive diminue (Beetz et al., 2011; Beetz, Uvnäs-Moberg, Julius, & Kotrschal, 2012; Viau et al., 2010; Viau & Champagne, 2017). Le cortisol est l’hormone responsable de la réaction au stress dans le corps — ce qui vous fera sortir en courant d’une maison en feu ou éviter un ballon de soccer se dirigeant vers votre tête. Chez certaines personnes, tels les individus avec un trouble d’anxiété ou un syndrome du spectre de l’autisme, le cortisol monte rapidement et descend très lentement. C’est ce qui explique, notamment, les longues crises chez les enfants autistes (Tremblay, 2016). Ainsi, votre élève profite de cet effet, mais vous et vos autres élèves aussi (à condition d’apprécier les chiens, bien entendu).
Un autre effet physiologique répertorié est l’augmentation du taux d’ocytocine dans le sang au contact de l’animal, l’ocytocine étant l’hormone de l’attachement. Vous en aurez probablement entendu parler en ce qui concerne le lien entre une mère et son bébé naissant, et l’importance du « peau à peau ». Le chien d’assistance permet donc au taux d’ocytocine d’augmenter chez le bénéficiaire, ce qui contribue à tisser une relation saine et durable entre les deux (Beetz et al., 2012). Un élève vivant des difficultés d’attachement ou des relations difficiles pourra ainsi en bénéficier plus que la normale et le chien contribuera à son filet social. Enfin, notons qu’un tel animal peut être un agent de socialisation chez un enfant possiblement stigmatisé par son handicap ou ses besoins (Serpell, 2019).
7. Qui s’occupera des besoins de base de l’animal ?
Cette question relève encore une fois de la politique mise en place par chaque conseil. De façon générale, toutefois, c’est l’enfant qui doit être en mesure de s’occuper des besoins de son animal. Lors du processus de décision, un questionnaire est distribué aux parents afin d’évaluer les besoins de l’animal en eau, en nourriture et le nombre de fois qu’il doit sortir à l’extérieur. L’animal mange généralement à la maison avant le départ à l’école et à son retour, et a un bol portatif pour l’eau ou un bol d’eau dans une salle de classe lorsqu’il y a peu de déplacements — comme c’est le cas à l’élémentaire. À moins d’être malades ou d’avoir un incident isolé, ces animaux sont également capables de se retenir assez longtemps et n’ont pas besoin de sortir trop fréquemment. Un endroit devra malgré tout être désigné où il s’habituera à faire ses besoins. Idéalement, les autres membres de l’école n’y auront pas accès pour des raisons sanitaires.
Dans le cas où un animal d’assistance travaille avec un enfant qui n’est pas autonome en raison de son handicap, l’école peut accepter d’assurer la formation d’un adulte accompagnateur afin qu’il s’occupe de l’animal, ou bien sinon ce dernier doit rester à la maison le temps que l’enfant est à l’école.
8. Comment puis-je adapter mon environnement pour faciliter les déplacements du duo ?
Le succès de l’intégration du duo se situe dans la collaboration entre la famille de l’élève, l’organisme d’où provient le chien et les membres de l’équipe pédagogique (Tremblay, 2016). Le plan d’intégration de l’animal, qui sera écrit en collaboration avec tous les membres, saura vous guider pour les éléments importants. Dans le cas d’un handicap au niveau de la motricité, l’environnement scolaire est préalablement adapté aux besoins de l’élève. Pensons notamment à l’ajout d’un bureau adapté pour l’élève ou une porte automatisée, par exemple. L’animal qui commencera à accompagner votre étudiant a été entrainé pour s’adapter aux différents environnements de l’école. Un entraineur qui fait l’intégration de l’animal fera également le tour de l’école afin de vous donner des conseils et peaufiner certaines commandes au besoin.
Dans votre salle de classe, la constance est la clé. Par exemple, la Fondation Mira apprend à ses chiens la consigne « à ta place ». Dans ce cas, le chien s’habitue à aller au même endroit lorsqu’il entend cette directive. Un coussin ou une couverture peut y être placé afin de le rendre plus confortable, ce qui permettra également de limiter le nombre de poils au sol. Offrir un endroit bien dégagé et facile d’accès au duo permettra d’éviter des incidents, telle une patte coincée sous une chaise. Vous pouvez également placer une affiche sur votre porte pour rappeler aux visiteurs qu’un animal d’assistance est dans la classe, avec le rappel de ne pas le déranger.
Dans votre plan d’évacuation, vous devrez également ajouter une clause par rapport à l’animal. Dans le cas d’une urgence, si l’élève n’est pas apte à s’en occuper, qui devra le sortir ? Est-ce que votre sortie d’urgence est accessible au duo ? Pour les lieux d’enseignement non traditionnels, comme un gymnase ou une classe de danse, un espace à l’abri des ballons et autres objets pouvant blesser l’animal devra être désigné. Il se pourrait que l’animal prenne un peu de temps pour s’habituer à y rester — l’entraineur devrait vérifier ces points lors de sa première visite.
9. Y a-t-il des risques associés à la présence de l’animal ?
L’intégration d’un animal d’assistance à un milieu scolaire comporte certains risques. Il est d’autant plus important de travailler avec un animal bien formé et d’établir un plan de santé et sécurité. Les principaux risques sont les morsures ou les égratignures, une réaction allergique ou asthmatique, et la distraction visuelle chez les autres élèves.
Puisque l’animal d’assistance est un être vivant, une dégradation de l’entrainement initial ou un incident est toujours possible (Davis et al., 2004; McNicholas et al., 2005). Ainsi, un incident peut survenir lorsque certaines conditions sont rassemblées. Un animal blessé, malade ou surpris peut avoir une réaction de peur. La meilleure façon d’éviter une telle situation est de respecter les consignes entourant le duo – tel que le respect de l’espace de travail et la non-distraction.
Une autre inquiétude récurrente par rapport à la présence de l’animal dans un établissement scolaire concerne le risque d’une réaction allergique ou asthmatique chez certains enfants. Malgré une bonne hygiène, il y aura présence de poils et de bave dans l’école. La consultation des dossiers médicaux des enfants et des adultes qui seront en contacts étroits avec le chien permettra de prévenir des réactions (Tremblay, 2006). La collaboration du concierge est également importante afin qu’il apporte une attention particulière aux lieux où l’animal d’assistance sera fréquemment installé, comme la place en classe ou le casier. Enfin, le plan de santé et d’hygiène peut comporter une clause demandant le brossage fréquent et le bain saisonnier de l’animal.
Le dernier risque relevé dans la littérature concerne la distraction chez les autres élèves. En effet, un animal d’assistance attire l’attention (Finkel, 2007) et peut même occasionner une certaine distraction visuelle chez les élèves en classe avec le duo (Walter Esteves & Stokes, 2008). Certains parents s’inquiètent donc de voir les résultats académiques de leur enfant chuter étant donné l’attrait de la présence animale. Selon deux études, une fois passé l’effet de nouveauté, soit une durée d’environ deux semaines, la présence de l’animal aiderait plutôt les enfants à se concentrer sur leurs tâches (Brelsford, Meints, Gee, & Pfeffer, 2017; Kotrschal & Ortbauer, 2003). De plus, la capacité de l’animal à se concentrer dans un milieu stimulant tel que l’école peut être mise à rude épreuve. Certains organismes et entraineurs peuvent déconseiller à certaines familles d’amener le chien à l’école en raison de son comportement hypersociable, ce qui peut nuire au travail entre le bénéficiaire et son chien (Davis et al., 2004). Finalement, certains enfants sont eux-mêmes récalcitrants se faire accompagner de leur chien d’assistance à l’école de peur de se faire imposer une étiquette ou d’être contraints dans leurs jeux dans la cour d’école (Kotrschal et Ortbauer, 2004).
10. Que dois-je dire à mes élèves et leurs parents ?
Dans le processus d’intégration d’un animal d’assistance dans l’une de ses écoles, votre conseil doit avoir mis en place un plan de communication avec la communauté scolaire. Des modèles de lettres devraient donc s’y retrouver et c’est votre direction qui s’en occupe de façon générale.
La communication se passera probablement en deux temps. La première communication prendra la forme d’une consultation. L’arrivée prochaine de l’animal d’assistance sera annoncée ainsi que les raisons génériques de sa présence —les politiques de la Commission ontarienne des droits de la personne, du ministère et du conseil scolaire étant notamment citées. Le tout doit se faire en respect de la vie privée de l’élève concerné et de sa famille. Ainsi, le nom de l’enfant et son handicap ne seront pas divulgués. Cette consultation donnera l’occasion aux parents de répertorier les conditions de santé de leurs enfants pouvant les mettre à risque en présence du chien. Dans un tel cas, une preuve d’un spécialiste de la santé peut être demandée afin d’évaluer les risques et les mesures de protection à prendre. Des adaptations seront également nécessaires afin de respecter les croyances culturelles et religieuses. Toutefois, selon le cadre légal entourant le duo, l’animal ne peut pas être refusé dans un milieu pour ces raisons.
La deuxième communication annoncera l’arrivée de l’animal. Elle est de façon générale assez brève et permet de mentionner que l’animal en question vient d’un organisme reconnu. Des consignes sont généralement partagées, telle l’obligation des enfants de ne pas toucher ou déranger l’animal. Vous pouvez renforcer ces consignes en préparant vos élèves à l’arrivée du chien. Enfin, le respect de la vie privée de l’enfant est également exigé.
Dans le cas où vous recevriez des questions spécifiques de la part de parents de votre classe, ou encore dans le cas où ils vous feraient part d’inquiétudes, je vous conseille de les référer à l’enseignante ressource et à la direction qui saura y répondre.
Conclusion
L’arrivée d’un animal d’assistance dans une école peut sembler inquiétante, surtout lorsqu’il sera placé dans votre classe. Sachez toutefois que l’intégration d’un tel animal se déroule généralement bien et a un haut taux de succès. Les animaux d’assistance d’organismes reconnus sont bien entrainés et votre élève sera accompagné d’un entraineur habitué à effectuer de tels placements. À long terme, vous pourrez fort probablement constater de grands avantages à la présence d’un tel animal avoir un tel animal présent dans le quotidien de votre élève et des individus qui l’entourent. Les élèves ont une capacité d’adaptation incroyable… Il suffit de vous laisser le temps pour vous y habituer. J’espère que cet article vous soutiendra dans cette nouvelle aventure.
[1] Pour trouver un organisme membre de l’ADI, rendez-vous sur leur site internet, cliquez sur l’onglet «members» et sélectionnez le Canada : https://assistancedogsinternational.org/resources/member-search/
Références
ADI. (2020). ADI Terms and Definitions. Consulté à l’adresse : https://assistancedogsinternational.org/resources/adi-terms-definitions/
Association for Ontarians with Disabilities Act. (2014). The Act. Consulté à l’adresse : https://www.aoda.ca/the-act/
Beetz, A., Kotrschal, K., Turner, D. C., Hediger, K., Uvnäs-Moberg, K., & Julius, H. (2011). The effect of a real dog, toy dog and friendly person on insecurely Attached Children during a stressful task: An exploratory study. Anthrozoos, 24(4), 349‑368. https://doi.org/10.2752/175303711X13159027359746
Beetz, A., Uvnäs-Moberg, K., Julius, H., & Kotrschal, K. (2012). Psychosocial and psychophysiological effects of human-animal interactions: The possible role of oxytocin. Frontiers in Psychology, 3(JUL). https://doi.org/10.3389/fpsyg.2012.00234
Brelsford, V., Meints, K., Gee, N., & Pfeffer, K. (2017). Animal-Assisted Interventions in the Classroom—A Systematic Review. 702., 14(7), 669‑702. https://doi.org/10.3390/ijerph14070669
Canadian ADHD Resource Alliance [CADDRA]. (2011). Lignes directrices (chapitre 2). https://caddra.ca/cms4/pdfs/fr_caddraGuidelines2011_chapter2.pdf
Canadian National Institute for the Blind. (2019). De chiot à chien-guide. Consulté à l’adresse : https://cnib.ca/fr/programmes-et-services/vivre/chiens-guides/dressage-d%E2%80%99un-chien-guide/de-chiot-chien-guide?region=ab
Commission ontarienne des droits de la personne. (2018). Politique sur l’éducation accessible aux élèves handicapés. Consulté à l’adresse : http://www.ohrc.on.ca/fr/politique-sur-l%C3%A9ducation-accessible-aux-%C3%A9l%C3%A8ves-handicap%C3%A9s
Davis, B. W., Nattrass, K., O’Brien, S., Patronek, G., & MacCollin, M. (2004). Assistance dog placement in the pediatric population: Benefits, risks, and recommendations for future application. Anthrozoos, 17(2), 130‑145. https://doi.org/10.2752/089279304786991765
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McNicholas, J., Gilbey, A., Rennie, A., Ahmedzai, S., Dono, J.-A., & Ormerod, E. (2005). Pet Ownership And Human Health: A Brief Review Of Evidence And Issues. BMJ: British Medical Journal, 331(7527), 1252‑1254. Consulté à l’adresse http://www.jstor.org/stable/25455496
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